Hervé Dignard
Agent de recherche et de développement
Institut de coopération pour l’éducation des adultes
RÉSUMÉ
À l’automne 2015, dans la foulée de la première édition de la publication Apprendre + Agir, l’ICÉA dévoilait ses premiers indicateurs de l’éducation des adultes au Québec. L’intention était de fournir à nos membres et partenaires des outils permettant de mesurer l’évolution de différents aspects de l’éducation des adultes au Québec.
Depuis, le site de l’ICÉA s’est enrichi de nombreux nouveaux indicateurs. Il en compte aujourd’hui deux fois plus qu’en 2015, soit près de soixante.
Cet article pose un regard rétrospectif sur la création de ces indicateurs; sur la manière dont ils ont été articulés et présentés depuis 2015. Il s’intéresse également à leur évolution, à la façon dont ils sont construits et à leur utilité. Cet article passe également en revue des opérations stratégiques liées à la création d’indicateurs, comme la définition d’un plan de développement, la sélection de sources de données ou le choix d’un outil de diffusion en ligne.
Cet article ne présente pas de recette à suivre : il présente des leçons de l’expérience dont d’autres personnes pourrons s’inspirer. Notre objectif est de porter un regard critique sur le travail fait depuis 2015 et présenter les résultats obtenus à ce jour.
À terme, les personnes intéressées seront mieux outillées pour comprendre et utiliser nos indicateurs, ceux de l’État ou des organisations de la société civile. Ces personnes pourront s’inspirer de notre démarche afin de créer leurs propres indicateurs et ainsi répondre à leurs propres besoins de mieux comprendre des situations complexes.
RÉPONDRE À UN BESOIN
La décision de construire des indicateurs qui se fondent sur des données statistiques répond à un besoin. Pour l’ICÉA, il était question de mesurer l’évolution de différents aspects de l’éducation des adultes au Québec. Cette mesure apparaissait importante, d’autant plus qu’elle devait nous aider à mener à bien notre mission.
Avant de créer notre propre site, nous avions déjà compilé nombre de données signifiantes. Ces données avaient été sélectionnées afin de répondre à notre besoin de renseignements sur la réalité des adultes apprenants du Québec. Elles nous permettaient de mesurer l’évolution de l’éducation des adultes ou de dresser un portrait éducatif des adultes du Québec.
Ce faisant, nous avions constaté que peu de sources centralisées proposaient des indicateurs touchant aux réalités éducatives des adultes. Il s’avérait donc profitable de créer nos propres indicateurs à partir des sources de données que nous avions sélectionnées.
Dans cet esprit, la création de notre site répondait à une volonté de rendre ces données disponibles. Nous souhaitions aussi donner forme à une interprétation représentative de la situation des apprenants adultes du Québec.
Nous nous sommes donc doté d’un outil unique, qui s’est révélé depuis d’une grande utilité pour de nombreuses personnes et organisations actives en éducation des adultes.
Se doter d’un outil politique
Un indicateur est le reflet des préoccupations de l’organisation qui le commande ou qui le construit.
Cette organisation utilise des données statistiques qui se rapportent à une population cible, un contexte particulier ou un objectif partagé. Elle choisit ces données et les agence de manière à illustrer l’évolution du contexte, la progression de la population ou l’atteinte de cet objectif. Ce faisant, elle utilise des données produites par d’autres organismes afin de créer un outil de mesure et d’analyse qui répond à son besoin de comprendre une réalité donnée.
Un indicateur est donc le fruit d’un ensemble de décisions et d’orientations; il peut être considéré comme un outil politique au service de cette organisation.
Avec le recul, la décision prise en 2015 révélait une volonté politique claire : doter l’ICÉA d’indicateurs de l’éducation des adultes qui serviraient de fondements à nos analyses et qui viendraient étayer nos revendications, notamment auprès du gouvernement du Québec. Pour l’ICÉA comme pour toute autre organisation de la société civile, la création d’indicateurs doit être envisagée dès le départ comme la création de leviers politiques.
Que les personnes responsables reconnaissent ou non la nature de leurs choix, le résultat obtenu est le même : la nature du levier offert par les indicateurs développés est et demeure politique, quelle que soit l’intention de départ.
Combler un vide
Ces considérations préliminaires permettent de mieux cerner la volonté qui animait l’ICÉA en 2015. Nous voulions combler un vide : créer une source centralisée qui proposerait des indicateurs répondant aux besoins de renseignements que nous avions identifiés.
Ces besoins concernaient de nombreux aspects de l’éducation des adultes qu’il fallait documenter. Avec le temps, ces aspects sont devenus les différentes catégories d’indicateurs du site de l’ICÉA. Voilà comment cinq catégories d’indicateurs ont été parmi les premières à être documentées sur notre site. Elles sont toujours présentes sur le site et proposent aujourd’hui une vingtaine d’indicateurs regroupés selon 13 familles (tableau 1).
Le contexte de l’éducation des adultes
La première catégorie d’indicateurs concerne le contexte dans lequel évolue l’éducation des adultes. Définir ce contexte menait à formuler de nombreuses questions. Cependant, toutes ces questions apparaissent avoir pour point central les apprenantes et les apprenants adultes, leurs besoins en matière d’apprentissage et, surtout, la nécessité que ces personnes aient accès à une première qualification afin de poursuivre leur apprentissage à un niveau plus avancé ou d’avoir accès au marché du travail.
L’accès à une première qualification pour tous les adultes est une revendication historique de l’ICÉA. Il n’est donc pas étonnant de découvrir que cette première catégorie d’indicateur met en valeur des données permettant de dresser un portrait de la diplomation des adultes et de leur situation à l’égard de la formation ou de l’emploi.
Tout en soulignant le fait que la situation des adultes s’améliore d’année en année, ces indicateurs nous rappellent que notre société compte toujours un grand nombre de personnes susceptibles de vivre des situations d’exclusion : celles qui n’ont pas de diplôme ou qui ne sont ni en emploi ni aux études.
Le profil éducatif des personnes apprenantes
La seconde catégorie d’indicateurs concerne le profil éducatif des apprenantes et des apprenants. Il est question ici de dresser un portrait large de la scolarité et des compétences des adultes. On retrouve dans cette catégorie des indicateurs qui nous renseignent sur le niveau de scolarité des adultes de 25 à 64 ans et sur la proportion de ces adultes ayant de faibles compétences en littératie ou aucun diplôme.
Les variables documentées dans cette catégorie sont révélatrices des besoins éducatifs des adultes. L’absence de diplôme et la présence de faibles compétences en littératie sont les indices d’importants besoins en matière d’apprentissage. L’agencement des données permet de constater que le Québec éducatif est partagé[1] entre des adultes détenant une scolarité de niveau postsecondaire et d’autres détenant une scolarité qui ne dépasse pas le niveau secondaire. Ce profil réitère la présence d’inégalités éducatives persistantes, notamment en ce qui concerne les adultes de 25 à 64 ans qui n’ont pas de diplôme (Dignard, 2020).
La participation des adultes
La troisième catégorie d’indicateurs concerne la participation à l’éducation et à la formation des adultes. Il semblait pertinent de réunir des données permettant de mieux comprendre les défis liés à la participation des adultes. Ces indicateurs présentent des données en lien avec la participation des adultes à l’éducation formelle ou non formelle à différents niveaux ainsi que la participation des personnes immigrantes à des cours de français.
Ces indicateurs ont été construits de manière à distinguer les adultes selon le sexe et le groupe d’âge (25 ans et plus versus 24 ans et moins). Ce choix permet de souligner les différentes manières dont s’exprime la participation des femmes et des hommes selon leur âge. Par exemple, les femmes qui participent à la formation générale des adultes apparaissent majoritaires (58 %) par rapport aux hommes (42 %) dans le groupe des 25 ans et plus alors qu’elles sont minoritaires (45 %) par rapport au sexe opposé (55 %) dans le groupe des 24 ans et moins.
Ce constat est cohérent avec les constats tirés d’autres indicateurs différenciés selon le sexe. Par exemple, les femmes de moins de 20 ans sont proportionnellement moins nombreuses à accéder au secteur des adultes sans avoir obtenu de diplôme[2] et celles de 25 à 64 ans sont proportionnellement moins nombreuses à ne pas avoir de diplôme[3].
Le fait de réunir plusieurs séries de données différenciées sur le site de l’ICÉA permet de dresser un portrait de l’évolution de la participation des adultes, selon l’âge et le sexe des personnes, sur près d’une décennie.
Les obstacles à la participation
La quatrième catégorie d’indicateurs concerne les obstacles à la participation, la satisfaction de la demande et les besoins de formation des adultes. Ces préoccupations sont, elles aussi, au cœur des revendications de l’ICÉA. Elles ont été largement documentées par les enquêtes de l’OCDE sur les compétences des adultes, notamment lors de la réalisation du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) en 2012.
Ces indicateurs dressent un portrait des entraves à la participation des adultes à des activités de formation formelle ou non formelle. Ils nous renseignent également sur les raisons de participer et les demandes non satisfaites des adultes.
Les retombées et les impacts
La dernière catégorie d’indicateurs documentée en 2015 concerne les retombées et les impacts de l’apprentissage et de la formation pour les adultes.
L’intention de ces indicateurs est d’illustrer les avantages de l’apprentissage et de la formation pour les adultes. Ces indicateurs nous rappellent qu’une importante proportion des adultes de 25 à 64 ans sans diplôme n’est pas en emploi et que l’absence de diplôme demeure une source d’exclusion du marché du travail.
L’un d’entre eux présente un portrait évolutif des élèves de la FGA et de la FP qui terminent leurs études avec un diplôme. Il illustre une nouvelle dimension des avantages qu’apportent l’apprentissage et la formation : depuis 2013, un nombre croissant d’adultes de 25 ans et plus obtiennent des diplômes de la FGA et de la FP.
Ce constat est cohérent avec les constats tirés lors de l’analyse des autres catégories d’indicateurs, notamment en ce qui concerne la diminution du nombre d’adultes sans diplôme et l’augmentation de la présence des adultes de 25 à 64 ans à la FGA et à la FP.
Bonifier un portrait d’ensemble
Après avoir comblé un vide avec la création d’un premier ensemble d’indicateurs, l’ICÉA s’est donné pour tâche de le bonifier. L’objectif de centraliser des données stratégiques sur l’éducation des adultes avait pris forme. Il fallait maintenant faire vivre cet ensemble et assurer sa croissance.
Les indicateurs existants ont donc régulièrement été actualisés : chaque année, des mises à jour sont réalisées en fonction de la diffusion des nouvelles données produites par les sources utilisées à l’origine. Nous avons également produit de nouveaux indicateurs qui se fondent sur les données recueillies à l’occasion des différents travaux réalisés par l’ICÉA depuis 2015.
Trois nouveaux aspects du monde de l’éducation des adultes ont été documentés depuis la création du site (tableau 2). On compte à ce titre les ajouts suivants :
- sept indicateurs permettant de faire un suivi des objectifs de développement durable 2030 liés à l’éducation des adultes;
- sept indicateurs permettant de dresser un portrait du financement de l’éducation des adultes au Québec; et
- vingt-quatre indicateurs présentant la réalité de différentes populations marginalisées du Québec[4].
Les objectifs de développement durable 2030
En septembre 2015, les États membres de l’ONU ont adopté le programme de développement durable à l’horizon 2030[5]. L’objectif 4 de ce programme concerne l’éducation et vise notamment à promouvoir les possibilités d’apprendre tout au long de la vie. Quatre cibles de cet objectif peuvent être directement liées à l’éducation des adultes :
- « D’ici 2030, faire en sorte que toutes les femmes et tous les hommes aient accès dans des conditions d’égalité à un enseignement technique, professionnel ou tertiaire, y compris universitaire, de qualité et d’un coût abordable. » (Cible 4.3 – Deux indicateurs sur la participation.)
- « D’ici 2030, augmenter nettement le nombre de jeunes et d’adultes disposant des compétences, notamment techniques et professionnelles, nécessaires à l’emploi, a l’obtention d’un travail décent et à l’entrepreneuriat. » (Cible 4.4 – Un indicateur sur l’utilisation de l’ordinateur hors du travail.)
- « D’ici à 2030, éliminer les inégalités entre les sexes dans le domaine de l’éducation et assurer l’égalité d’accès des personnes vulnérables, y compris les personnes handicapées, les autochtones et les enfants en situation vulnérable, à tous les niveaux d’enseignement et de formation professionnelle. » (Cible 4,5 – Un indicateur les adultes sans diplôme selon le sexe et la région.)
- « D’ici à 2030, faire en sorte que tous les jeunes et une proportion considérable d’adultes, hommes et femmes, sachent lire, écrire et compter. » (Cible 4,6 – Deux indicateurs sur les compétences des adultes en littératie et en numératie.)
Nous avons identifié des sources de données québécoises et canadiennes susceptibles d’illustrer les résultats obtenus au Québec et au Canada en lien avec ces cibles. Les indicateurs de cette catégorie nous renseignent sur les compétences des adultes en littératie et en numératie, ceux qui n’ont pas de diplôme, ceux qui participent à l’éducation scolaire formelle et à la formation liée à l’emploi, de même que ceux qui utilisent un ordinateur en dehors du travail.
Ces indicateurs composent un groupe distinct et bien défini sur le site de l’ICÉA. Ils nous permettent de faire un suivi de la mise en œuvre au Québec des engagements internationaux pris au sein de l’UNESCO. Cependant, certains d’entre eux complètent des indicateurs présentés dans une autre catégorie. Par exemple, cette catégorie propose un portrait large des compétences des adultes en littératie et en numératie selon le groupe d’âge et le sexe. À ce portrait, s’ajoute celui des adultes ayant un faible niveau de compétences en littératie, qu’on retrouve dans la catégorie Profil des apprenantes et des apprenants.
Autre exemple : l’indicateur intitulé « Les adultes à l’éducation scolaire formelle (ODD 4.3) » est une synthèse des données présentées dans quatre indicateurs de la participation (formation générale des adultes, formation professionnelle, formation continue du collégiale et enseignement universitaire). Afin de dresser un portrait de l’effectif total de l’éducation formelle au Québec, nous avons réuni certaines données de ces indicateurs pour n’en faire qu’un seul.
Ce faisant, nous avons conféré de la valeur ajoutée au site de l’ICÉA : il ne se présente plus uniquement comme une source centralisée de données sur l’éducation des adultes, mais également comme la vitrine d’indicateurs inédits et propres à l’éducation des adultes.
Le financement de l’éducation des adultes
En 2016, l’ICÉA a publié les résultats d’une enquête sur la réduction du financement public en éducation des adultes. Cette enquête révélait qu’entre 2010 et 2015 de nombreuses organisations avaient été fragilisées par les politiques de réductions budgétaires de l’État.
L’ICÉA disposait ainsi de données inédites et originales[6] permettant de produire un premier indicateur relatif au financement de l’éducation des adultes. Publié à l’automne 2016, cet indicateur était le seul de sa catégorie, alors intitulée « Fragilisation des organisations ».
En 2019, l’ICÉA a renommé cette catégorie « Financement de l’éducation des adultes » et lui a ajouté six nouveaux indicateurs produits à partir de données publiques sur le financement de l’éducation. Outre notre indicateur sur la fragilisation des organisations, cette catégorie présente aujourd’hui des portraits évolutifs des dépenses publiques et privées en enseignement, du financement accordé au Programme d’action communautaire sur le terrain de l’éducation (PACTE), au Fonds d’aide à l’action communautaire autonome et aux organismes communautaires famille ainsi que des sommes transférées par le gouvernement fédéral pour assurer la francisation des personnes immigrantes du Québec.
L’analyse de l’indicateur développé en lien avec le Programme d’action communautaire sur le terrain de l’éducation (PACTE), par exemple, fait ressortir le fait que la non-indexation de l’enveloppe, entre 2010 et 2015, se traduit par une perte de 9 % de financement pour les organismes concernés (figure 1).
Les populations marginalisées
De 2017 à 2020, l’ICÉA a produit plusieurs analyses portant sur les réalités éducatives de différentes populations d’adultes susceptibles de vivre des situations d’exclusion sociale. D’abord centrée sur la diminution des inégalités et des risques d’exclusion sociale qui découle de l’accès à l’apprentissage et du rehaussement des compétences, cette réflexion a mené l’ICÉA à s’intéresser aux situations particulières des personnes en situation de handicap, des Autochtones, des personnes immigrantes, des personnes sans diplôme et des familles monoparentales.
Il est apparu que les conditions de participation, d’apprentissage ou de réussite de ces personnes différaient selon la population à laquelle elles appartenaient. Par exemple, les obstacles à la participation vécus par une personne en situation de handicap ne se comparent pas à ceux vécus par un Autochtone, même si les personnes de ces deux populations sont confrontées à de nombreux préjugés concernant l’apprentissage. De même, les bénéfices qu’une personne immigrante peut espérer titrer d’une forte scolarité n’ont rien à voir avec ceux dont bénéficie une personne née au Canada et ayant le même niveau de scolarité[7].
Afin de mettre en lumière ces différences, vingt-quatre indicateurs ont été créés entre 2018 et 2020. Ces indicateurs ont ceci de particulier qu’ils ne ciblent plus des problématiques larges susceptibles d’affecter tous les adultes : ils illustrent plutôt des situations bien précises, en lien avec différentes populations adultes dont les réalités éducatives sont différentes de la population en général.
Ces indicateurs utilisent des données concernant les taux d’emploi et de chômage ainsi que le revenu médian d’une personne selon son niveau de scolarité. Ces données, qui sont mises à jour régulièrement et comparables, permettent d’en apprendre plus sur le profil éducatif d’une personne. Il apparaissait donc opportun de les utiliser comme assises communes et de les agencer de manière à produire des portraits qui seraient à la propres à chaque groupe et comparables entre eux.
La présentation des données de cette catégorie répond à un schéma récurrent :
- présenter des données concernant la scolarité et des compétences (notamment en littératie) des personnes concernées;
- présenter des données concernant l’activité (emploi et chômage) ainsi que le revenu médian de ces personnes selon leur niveau de scolarité et leur sexe; et
- présenter des données concernant la fréquence du faible revenu selon l’âge et le sexe.
Cette récurrence permet d’illustrer les liens qui existent entre la scolarité et les compétences des personnes, d’une part, et la probabilité que ces personnes soient en emploi ainsi que le revenu dont elles disposent, d’autre part.
Un objectif était alors d’illustrer les différences qui existent entre les tendances propres à chaque population d’adultes et les grandes tendances observées pour l’ensemble des adultes. On sait, par exemple, que « [p]lus le niveau de scolarité d’une personne est élevé, plus ses chances de trouver du travail sont bonnes » et que « les niveaux de scolarité plus élevés sont associés à des taux de chômage plus faibles. » (Statistique Canada, 2007).
Cette tendance générale révèle une facette importante du portrait éducatif des adultes : la scolarité apporte des avantages en matière d’accès à l’emploi. Des avantages dont les personnes immigrantes ou les femmes ne bénéficient pas pleinement, par exemple. Les indicateurs développés soulignent que, même si les personnes immigrantes affichent une scolarité élevée, elles sont proportionnellement moins nombreuses à être en emploi et plus nombreuses à être en chômage que les personnes nées au Québec, quel que soit leur sexe, leur groupe d’âge ou leur niveau de scolarité[8].
Ce constat est révélateur de la situation particulière des personnes immigrantes du Québec (Brossard, 2018). Ces personnes ont généralement fait leur scolarité à l’étranger et elles n’ont pas de diplôme québécois ou canadien. Il est ainsi possible de se questionner sur la reconnaissance des diplômes étrangers, sachant que « l’utilisation de ‘‘repères québécois’’ dans le processus de reconnaissance des acquis scolaires des personnes immigrantes peut occasionner des erreurs de ‘‘traduction’’ et mener à des évaluations qui se révèlent quasi systématiquement à la baisse (ICÉA, 2018) ». Il est également possible de se questionner sur les obstacles liés au racisme dont sont victimes les personnes immigrantes et les préjugés que certains employeurs ont à leur égard (ICÉA, 2020b).
Ces indicateurs mettent également en lumière la relation entre le revenu d’une personne et le fait qu’elle soit scolarisée ou qu’elle occupe un emploi correspondant à son champ d’études. « Parmi les avantages de détenir un niveau de scolarité plus élevé, le revenu en est probablement un d’importance pour bon nombre de personnes, explique une analyse de l’Institut de la statistique du Québec. En effet, plus la scolarité est élevée, plus le revenu d’emploi a tendance à s’accroître, une relation connue depuis longtemps. (Crespo, 2018) »
À ce titre, les indicateurs développés en lien avec le revenu permettent d’observer des différences caractéristiques à certaines populations. Le revenu médian après impôt des personnes immigrantes de 25 à 64 ans, par exemple, augmente moins en fonction du plus haut niveau de scolarité atteint que celui des personnes nées au Canada[9]. Les Autochtones de 25 à 64 ans, pour leur part, apparaissent profiter davantage des effets d’une forte scolarisation que les non-Autochtones du même groupe d’âge[10].
Finalement, les portraits de la scolarité et des compétences des adultes qui précèdent ces illustrations nous révèlent des problématiques particulières à certaines populations adultes. On note par exemple que les personnes en situation de handicap sont proportionnellement plus nombreuses à ne pas avoir de diplôme[11] ou encore que les parents monoparentaux sont plus susceptibles de ne pas avoir de diplôme que l’ensemble des parents du Québec[12]. Ces constats permettent de supposer la présence d’obstacles à la participation, l’apprentissage ou la réussite chez ces populations.
Organiser l’information et répondre aux nouveaux besoins
Depuis la création du premier indicateur, l’information présentée par le site de l’ICÉA a été maintes fois réorganisée. Les mises à jour réalisées depuis 2015 et l’ajout de nouveaux indicateurs ont fait évoluer le plan d’ensemble que nous avions au départ. Que retenir de cette évolution?
D’une part, il faut reconnaître que ces réorganisations successives sont attribuables à plusieurs facteurs. D’autre part, il faut admettre que chacun de ces facteurs est à l’origine de nouveaux besoins d’information que la création de nouveaux indicateurs tente de combler.
La sélection annuelle de nos champs de recherche et d’intervention est l’un de ces facteurs. L’intérêt porté aux réalités éducatives des populations adultes susceptibles de vivre des situations d’exclusion est à l’origine de la création des indicateurs de la catégorie « Population marginalisée ». Les analyses réalisées par l’ICÉA en lien avec ces populations ont fait naître de nouveaux besoins d’information concernant les conditions de participation, d’apprentissage et de réussite de ces personnes.
Les décisions et les politiques mises de l’avant par le gouvernement en matière d’éducation des adultes au cours des dernières années sont un second facteur motivant la création d’indicateurs. Rappelons que les indicateurs de la catégorie « Financement de l’éducation des adultes » illustrent les effets à long terme des décisions prises par le gouvernement en lien avec le financement des différents champs de l’éducation des adultes (alphabétisation, francisation, action communautaire autonome, etc.). Au moment de leur création, ces indicateurs se présentaient eux aussi comme des réponses à de nouveaux besoins d’information.
Finalement, l’évolution des données utilisées dans la construction de nos indicateurs est un troisième facteur à l’origine des réorganisations successives du site de l’ICÉA. Nous utilisons des données qui évoluent dans le temps et au gré des décisions prises par l’État ou les organisations actives en éducation des adultes. Ces évolutions nous ont notamment forcés à retirer des indicateurs dont les données n’avaient pas été mises à jour depuis des années.
Il est à prévoir que de nouvelles évolutions nous forceront à revoir la pertinence de certains indicateurs, à les modifier en conséquence ou à en créer de nouveaux.
S’inscrire dans une perspective apprenante
Au cœur de ce jeu d’influences entre nos décisions, celles de l’État et les organisations qui produisent des données révélatrices, on retrouve le moteur de la plupart de nos actions : notre volonté de mieux comprendre l’univers de l’éducation des adultes et les actions qui en découlent, à savoir apprendre, analyser et intervenir.
Que ce soit comme personne intervenante ou comme organisation, notre capacité d’action est intimement liée à notre capacité de nous adapter à des situations nouvelles. Pour ce faire nous devons constamment apprendre et tirer des leçons de ce que nous avons fait et de ce que les autres font.
La création de notre site d’indicateur est un important levier de cette adaptation. Cet exercice, qui consiste à sélectionner un sujet d’intérêt, à réunir l’information utile et à créer un outil informatif, nous a permis d’élargir notre vision de monde de l’éducation des adultes. Nous avons appris au cours de ce processus et, ce faisant, nous avons pris conscience de toutes les améliorations qu’il était possible d’apporter à notre création.
Voilà pourquoi la forme de notre site d’indicateur et l’information qu’il propose sont en constante évolution. Pour nous, ce site s’inscrit dans une perspective apprenante où nos questionnements et nos analyses font naître de nouveaux besoins d’informations, auxquels nous répondons par l’actualisation des indicateurs existants ou la création de nouveaux indicateurs.
Voilà une preuve que la volonté politique à l’origine de la création de notre site d’indicateur est également à l’œuvre dans l’actualisation constante de l’information qu’il propose. En créant ce site, nous nous sommes dotés de leviers politiques d’intervention. Ce faisant, nous avons pris l’engagement de revoir la pertinence des réponses fournies par ces leviers chaque fois que cela s’avère nécessaire.
CHOISIR DES DONNÉES
Ces réflexions sur la création de notre site d’indicateurs nous mènent à tout un champ de questionnement concernant le choix des sources et des données permettant de construire des indicateurs. À ce titre, nous souhaitons partager avec vous quelques leçons tirées de l’expérience des dernières années.
Avant de poursuivre, nous souhaitons préciser que nous ne sommes pas des experts dans le traitement des statistiques. Aussi, les leçons qui suivent sont la synthèse d’apprentissages que nous avons réalisés ces dernières années. Elles s’adressent à des personnes généralistes de toutes disciplines qui ont à cœur d’accomplir des tâches complexes et diversifiées. Des personnes comme nous, qui souhaitent apprendre des autres et aller plus loin en se renseignant auprès de sources spécialisées.
Différents types d’enquêtes statistiques
Une première leçon tirée de l’expérience est l’importance de reconnaitre les différents types d’enquêtes statistiques susceptibles de fournir des données. Selon le type d’enquête, la valeur de ces données et leur portée seront différentes. Il faut tenir compte de ces différences au moment de les utiliser. Cela, afin d’éviter les erreurs d’analyse qui pourraient compromettre la solidité d’un indicateur.
En 2011, Statistiques Canada a produit une ressource Web[13] grand public qui apporte un éclairage intéressant sur les différents types d’enquêtes statistiques existants. Comme l’illustre le tableau 3, cette ressource identifie trois différents types d’enquêtes, soit le recensement, l’enquête-échantillon et les données administratives (Statistique Canada, 2017).
Les données de ces enquêtes peuvent toutes servir à la création d’indicateurs. Cependant, il faut tenir compte des caractéristiques propres à chaque type.
Le recensement canadien offre des avantages liés à la fiabilité et à la diversité des données disponibles. Il permet de croiser plusieurs catégories de variables (lieux géographiques, âge, sexe, statut, identité, caractéristiques de la famille, etc.) et ainsi d’affiner les résultats de la recherche. Mais cette enquête est réalisée aux cinq ans. Un indicateur produit à partir de ces données ne peut donc pas être mis à jour chaque année. Si tel est notre objectif, il faudrait plutôt utiliser des données administratives ou encore celles d’une enquête-échantillon comme l’Enquête sur la population active (EPA).
Cela dit, les deux autres types d’enquêtes identifiés dans le tableau 3 comportent également leurs limites. Les données de l’enquête-échantillon, par exemple, ne sont pas toujours valables pour la population entière. La composition de l’échantillonnage de l’Enquête sur la population active (EPA) assure la large représentativité des résultats obtenus, mais les échantillons utilisés dans ce type d’enquête sont parfois limité à un petit groupe de personnes. Ce pourrait être la population d’un quartier ou d’une région; ou encore une partie des élèves d’une classe ou d’une école. Lors de l’analyse des données tirées d’une enquête-échantillon, il faut donc tenir compte de la portée réelle de ces données.
Quant aux données administratives, il est possible qu’elles soient assez représentatives pour analyser des tendances mais il garder à l’esprit qu’elles se fondent sur des définitions qui sont « conçues à des fins précises » et qui « évoluent au fil du temps » (Statistique Canada, 2017). Les données peuvent dont changer en fonction de la façon dont elles sont définies. Par ailleurs, la façon dont on définit ces données peut orienter l’analyse qu’on peut en faire. Dans cette perspective, il est possible qu’un indicateur utilisant des données administratives soit appelé à changer de forme ou à être présenter un nouvel angle d’analyse.
Quelques questions stratégiques
Cette première leçon nous mène à une série de questions concernant la portée d’une enquête, la fréquence des collectes de données, le traitement des données choisies ainsi que l’interprétation de ces données. Voici d’autres leçons de l’expérience liées à ces questions.
La portée d’une enquête
Quelle que soit l’enquête qu’on utilise pour construire un indicateur, il faut se questionner sur sa portée. Les données choisies se rapportent-elles à un petit groupe de personnes, à une large portion de la population ou à la population toute entière? Ces données concernent-elles les personnes d’un secteur (d’études, d’emploi, d’industrie, etc.), d’une région (administrative ou autre), d’une localité ou d’une ville, d’une province, d’un pays ou même de plusieurs pays (ceux de l’OCDE, par exemple)? S’il est question d’une activité, comme l’utilisation d’un téléphone intelligent ou de l’ordinateur, l’enquête s’intéresse-t-elle à tous les contextes d’action où il est possible d’utiliser ces appareils ou à un seul (uniquement au travail ou à la maison)?
Bref, il faut bien comprendre l’objet de l’enquête et les limites des résultats obtenus. Répondre à ces questions – et à toutes les autres qu’on peut soulever – apparait essentiel afin d’analyser correctement les données choisies. L’objectif est d’éviter les erreurs d’interprétation. L’exactitude et la véracité de nos indicateurs dépendent de notre capacité à ne pas outrepasser la portée réelle des données sur lesquels ils se fondent.
À ce titre, ce serait une erreur de dresser le portrait d’une large population à partir de données relatives à un petit groupe de personne ou encore d’étendre à une province les tendances qui se dessinent dans une région donnée.
La fréquence des collectes de données
En ce qui concerne les collectes de données, il faut se demander à quelle fréquence elles seront réalisées dans les mois et les années à venir. Dans le cas d’une enquête qui n’a été réalisée qu’une fois, il faut se demander si de nouvelles collectes sont prévues dans l’avenir et à quelle fréquence.
Comme nous l’avons illustré dans les sections précédentes, un indicateur devrait idéalement être construit de manière à ce qu’il soit possible de l’actualiser. Dans cette perspective, il apparait important de choisir des données qui seront mise à jour par la réalisation de nouvelles enquêtes. La pertinence et le caractère adapté de nos indicateurs dépendent en grande partie de ces mises à jour.
L’organisme qui construit un indicateur de suivi afin d’apporter des correctifs à son offre de service sur une base annuelle, par exemple, ne devrait pas utiliser les données du recensement canadien. Pour ce type d’indicateur, les données de l’enquête sur la population active (EPA), une enquête-échantillon réalisée auprès des ménages chaque mois, apparaissent beaucoup plus indiquées.
Traiter et comprendre les données
Après avoir répondu à toutes ces questions et sélectionnées des données qui nous semblent les plus appropriées à la construction de nos indicateurs, il faudra comprendre ces données et peut-être même les traiter afin de pouvoir les utiliser.
En ce qui concerne la compréhension des données, il faut s’attarder aux définitions qui nous sont données par l’enquête retenue. Pour Statistique Canada, par exemple, la population active se compose de personnes occupées et de chômeurs. Il serait donc faux de croire que les personnes en chômage sont inactives ou qu’elles font partie de la population inactive. L’adage bien connu le dit : le diable se cache dans les détails! Heureusement, ces détails sont toujours expliqués dans les enquêtes statistiques.
En ce qui concerne le traitement des données, l’expérience des dernières années nous apprend qu’elles ne se présentent pas de la même manière. Comme l’illustre la figure 2, les données du recensement canadien se présentent tout à la fois en nombre absolu et en pourcentage. Les taux d’activité, d’emploi et de chômage de cette figure sont présentés en pourcentage, alors que les autres données du tableau sont présentées en nombre absolu. Il est donc nécessaire de traiter ces données si on veut les utiliser sous une autre forme.
Pour calculer le pourcentage de la population Métis inactive, par exemple, il faudra réaliser une opération mathématique de type « produit croisé » : dans la ligne « Métis », diviser le nombre de la case « Population inactive » (146 585) par le nombre de la case « Total – Situation d’activité » (456 555) et ensuite multiplier le quotient obtenu par 100 pour parvenir au pourcentage voulu (32,1 %).
C’est une opération simple à réaliser, mais qui commande manipuler des données brutes et qui peut s’accompagner d’erreurs (de frappe sur la calculatrice, de mauvaise colonne ou ligne dans le tableau, etc.). Il faut donc être attentif à ce que l’on fait en tout temps et vérifier deux fois plutôt qu’une les résultats obtenus.
L’interprétation des données
Finalement, l’expérience des dernières années nous a maintes fois rappelé l’importance de bien interpréter les données choisies.
Pour illustrer cette dernière leçon, citons en exemple l’interprétation inexacte dont ont longtemps souffert les données des grandes enquêtes internationales sur les compétences des adultes en littératie (Dignard, 2015).
Depuis la première enquête réalisée entre 1994 et 1998[14], les compétences des adultes en littératie sont présentées sur une échelle de 500 points qui comporte plusieurs niveaux[15]. L’atteinte de chaque niveau suppose la réalisation de tâches dont le degré de complexité croit en fonction du niveau. Selon cette échelle et le cadre d’évaluation qui l’accompagne, la personne qui accomplit un grand nombre de tâches correspondantes au niveau 3 de littératie peut être considérée comme « pleinement autonome » dans sa capacité de lire et d’utiliser l’information écrite au quotidien.
Un point important à retenir, c’est que l’échelle de littératie proposée par ces enquêtes fait référence au continuum des compétences nécessaires pour utiliser sans difficulté l’information écrite qui nous est proposée tous les jours. Ce continuum ne permet pas de distinguer les personnes qui savent lire de celles qui sont analphabètes. Il propose plutôt une gradation des compétences des personnes qui savent lire : des personnes qui ont de grandes difficultés à lire (niveaux 1 et inférieur à 1), aux personnes ayant certaines difficultés (niveau 2) et aux personnes tout à fait autonomes (niveaux 3, 4 et 5) (Dignard, 2015).
Ceci n’a pas empêché de nombreuses analyses d’assimiler le niveau 3 de littératie à un seuil d’autonomie à partir duquel il était possible de distinguer les personnes qui savaient lire de celles qui étaient analphabètes. Rien n’était moins vrai! Les mesures de la littératie ne se résument pas à une représentation dichotomique des compétences des adultes. Elles nous parlent des personnes qui savent lire bien plus que des personnes analphabètes (Dignard, 2015).
L’analyse des données liées à la littératie commande avant tout de comprendre ce que ces données mesurent et, surtout, d’apprendre à les interpréter avec justesse. Ce que nous avons fait avant d’utiliser les résultats du PEICA (2012).
Voilà pourquoi les indicateurs de l’ICÉA en matière de littératie indiquent qu’une personne sur cinq au Québec est « susceptible d’éprouver de grandes difficultés » à lire et à utiliser l’information écrite au quotidien. Cette interprétation apparaît juste et prudente compte tenu des mesures à notre disposition. Des indicateurs alignés sur l’interprétation inexacte présentée plus haut indiqueraient plutôt qu’une forte proportion des adultes au Québec ne sait pas lire.
L’attention portée à ce que nous disent les données qu’on sélectionne nous évitera de produire des analyses faussées ou de construire des indicateurs qui induisent en erreur. Cette attention nous permettra par ailleurs de déterminer si ces données nous informent véritablement sur le sujet que nous souhaitons documenter. Si ce n’est pas le cas, c’est que nous devons faire appel à d’autres données.
DIFFUSER DES INDICATEURS
Parallèlement à ces considérations concernant le choix de nos sources, l’interprétation et l’analyse des données sélectionnées ou encore la manière dont nous les agençons lors de la création de nos indicateurs, il faut avoir à l’esprit que ces outils devront être diffusés, sous une forme ou une autre.
Pour notre part, le lancement du site des indicateurs de l’ICÉA s’est fait en février 2015, dans la foulée du lancement de la de première édition de la publication en ligne de l’ICÉA, Apprendre + Agir[16]. Afin de pouvoir les diffuser largement à tous nos membres et partenaires, nous avons choisi dès le départ de rendre nos indicateurs disponibles en ligne, à partir de notre site Web.
Pour ce faire, nous avons choisi de publier nos indicateurs sur une plateforme Wiki. Comme l’explique Giulia Ortoleva, une spécialiste de l’apprentissage assisté par la technologie qui collabore avec l’Université de Genève, le « wiki est un des outils les plus connus et répandus appartenant à la catégorie du Web 2.0 ou web collaboratif ». Il s’agit d’un « environnement web qui se base sur une idée de collaboration dans la création d’un contenu commun et partagé par tous les participants. Il est organisé en une série de pages reliées les unes aux autres, dans une structure libre et ouverte. (Ortoleva) »
La plateforme que nous avons choisie est essentiellement la même qui supporte l’encyclopédie en ligne Wikipédia. À cette exception près que la fonction édition[17] n’est pas ouverte à toutes les personnes qui visitent le site des indicateurs de l’ICÉA. Nous nous sommes réservé cette prérogative à titre d’éditeur du site. Cela dit, les personnes qui consultent notre site d’indicateurs ont librement accès aux autres fonctions caractéristiques du Wiki, soit la fonctionnalité historique[18] et la fonctionnalité discussion[19].
Nous avons retenu cette plateforme pour toutes les possibilités qu’elle offre de lier entre elles les différentes pages qui présentent nos indicateurs. Ce type de plateforme offre par ailleurs l’avantage de s’intégrer facilement dans la plupart des environnements Web. Précisions à ce titre que le site Web de l’ICÉA utilise le système de gestion de contenu (CMS) libre et open source Drupal[20]. Le choix de cette plateforme s’inscrivait également dans la philosophie des logiciels libres[21].
Parmi les avantages que comporte ce type de logiciel, on peut citer le fait qu’ils sont gratuits, facilement accessibles et que les nombreuses adaptations dont ils font l’objet sont partagées avec la communauté des organisations qui les utilisent. Dans cette perspective, l’ICÉA avait l’assurance d’utiliser une plateforme qui serait tout à la fois pérenne et éprouvée.
Quand vient le temps de prendre des décisions liées aux technologies de l’information et aux outils numériques, ces deux critères sont de première importance. Ce qui est encore plus vrai pour un organisme de la société civile dont les ressources humaines, matérielles et financières ont leurs limites.
La conception d’un site d’indicateurs à partir d’une plateforme Wiki réclame au départ l’intervention d’une personne dont c’est la spécialité. La réalisation de cet exercice commande la maîtrise de certaines compétences en programmation. À moins de disposer de l’expertise nécessaire à l’interne, il est conseillé de s’adjoindre cette expertise pour bien démarrer le projet.
Il importe de préciser ici que le code source d’une page Wiki est toujours accessible : les personnes qui s’y connaissent un peu peuvent donc copier le code source d’une page qu’ils aiment et l’utiliser librement dans leur propre plateforme Wiki. Par ailleurs, le langage utilisé par cette plateforme est assez proche du langage HTML et il a fait l’objet de nombreux tutoriels disponibles en ligne[22]. Il est ainsi possible pour les autodidactes et les aventuriers du numérique d’apprendre à construire des pages Wiki.
Cela dit, il faut reconnaître que notre site d’indicateurs est le fruit de la généreuse contribution d’un professionnel de la programmation et ami de l’ICÉA. Monsieur Yves Otis a donné de son temps et rendu possible la création d’une source centralisée de données sur l’éducation des adultes. Ses conseils et son intervention nous ont permis de prendre un bon départ et de développer, par la suite, l’expertise nécessaire à l’animation et à l’actualisation du site.
VALEUR AJOUTÉE ET DÉVELOPPEMENTS À VENIR
Afin de conclure ce regard rétrospectif sur la création des indicateurs de l’ICÉA, il apparaissait important de souligner la valeur ajoutée que ces outils de référence pour l’ICÉA et toutes les organisations qui les utilisent. De même, il apparaissait essentiel de lier cette valeur ajoutée aux développements futurs que nous envisageons pour notre site de référence.
La valeur ajoutée des indicateurs de l’ICÉA
La valeur ajoutée du site des indicateurs de l’ICÉA tient au fait qu’il se présente comme étant plus qu’une simple source centralisée de données sur l’éducation des adultes. Les développements successifs que le site de l’ICÉA a connus au cours des dernières années font en sorte que cette source favorise aujourd’hui la synthèse des données qu’elle centralise ainsi que la production de nouvelles connaissances.
Nous l’avons illustré plus avant dans ce texte, plusieurs indicateurs de notre site ont été conçus de manière à combiner des données de différentes natures qui, une fois bien agencées, produisent une connaissance inédite en lien avec l’éducation des adultes. C’est notamment le cas de l’indicateur intitulé « Les adultes à l’éducation scolaire formelle[23] » qu’on retrouve dans la catégorie Indicateurs de suivi des objectifs de développement durable 2030. Rappelons que cet indicateur centralise en une seule fiche des données détaillées dans les fiches de quatre autres indicateurs et se présente comme un indicateur de suivi de l’objectif 4.3[24] du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
À notre connaissance, aucune autre source centralisée de donnée sur l’éducation des adultes ne permet d’avoir accès à une telle synthèse d’informations sur la présence des adultes à l’éducation scolaire formelle. Pourtant, les données de ce tableau proviennent toutes du Portail informationnel du ministère de l’Éducation du Québec. Elles sont accessibles à qui en fait la demande.
Une autre valeur ajoutée qu’on peut trouver à ce site est la perspective apprenante dans laquelle il s’inscrit.
Cinq activités sont caractéristiques des organisations apprenantes : résoudre des problèmes en groupe; expérimenter et apprendre par l’expérimentation; tirer des leçons des expériences; apprendre avec les autres; et transférer les connaissances (ICÉA, 2009). Avec le recul, il est possible de soutenir que ces cinq activités ont été au cœur des étapes menant à la création d’indicateurs, à leur déploiement dans une plateforme Wiki et leur développement continu par la mise à jour et l’actualisation des données publiques qu’ils proposent.
La création de ce site d’indicateurs traduit notre volonté de parvenir à une meilleure gestion des connaissances[25] que nous produisons à l’interne et que nous recensons à l’externe. Qui plus est, nos indicateurs influencent nos analyses et l’orientation prise dans plusieurs travaux réalisés depuis 2015. Ainsi, à l’instar de nos membres et partenaires qui s’y réfèrent, notre site d’indicateurs est devenu pour un outil de référence que nous utilisons régulièrement.
Notre volonté de centraliser des données afin de produire des connaissances, de même que la gestion et l’utilisation que nous faisons de ces connaissances sont des éléments qui favorisent à leur tour le développement de perspectives apprenantes.
La dernière valeur ajoutée qu’on peut conférer à ce site d’indicateur réside dans la richesse de ses développements futurs. La conclusion de ce texte illustrera donc la valeur ajoutée que constituent ces développements futurs.
Les développements à venir
Le site des indicateurs de l’ICÉA a connu de nombreux développements depuis sa création. Cette source centralisée de données est devenue un outil de référence sophistiqué, dont les développements futurs s’intègrent dans une vision systémique de la gestion de l’information.
À l’ère de Web 2.0, également dit « collaboratif », la création d’outils numériques qui favorisent l’interaction et la collaboration entre les membres d’une communauté apparaît nécessaire. Nous n’échappons pas à cette nécessité.
À ce titre, deux actions apparaissent prometteuses pour l’avenir :
- créer des outils de référence qui permettraient à une organisation d’avoir accès à des données centrées sur la réalité des adultes apprenants et à des renseignements stratégiques les concernant (positions, orientations et politiques, résultats de recherche, initiatives en cours, etc.); et
- offrir à cette organisation la possibilité de partager des renseignements stratégiques la concernant (données, analyses, orientations, services, pratiques, etc.), à partir des outils numériques créés.
Nous souhaitons favoriser un partage de la connaissance dans toutes les directions : de nous vers les autres, des autres vers nous et des autres vers les autres. Sans l’avoir planifié dès le départ, le développement de notre site d’indicateurs s’inscrit dans la poursuite d’une vision systémique de la gestion de l’information et de son partage.
Cela relève d’un développement futur, mais notre plateforme Wiki permet d’établir des liens entre ses différentes parties. Ainsi, une recommandation formulée en lien avec la réussite éducative pourrait être liée à des indicateurs de la catégorie « Retombées, impacts, persévérance et réussite ». Ces liens futurs entre nos indicateurs et nos positionnements stratégiques permettraient de mieux contextualiser nos analyses des conditions de participation, d’apprentissage ou de réussite des adultes. Ils contribueraient à un plus grand rayonnement de nos travaux et de nos orientations stratégiques. Ils seraient le prélude à la création de passerelles entre notre site de référence et des renseignements stratégiques que nos membres et partenaires pourraient partager avec nous.
Pourquoi ne pas imaginer qu’un regroupement de l’éducation populaire ait la possibilité de faire référence à nos indicateurs, tout en partageant avec nous des données inédites qui les enrichiraient? Ou encore qu’un organisme d’aide aux personnes immigrantes puisse s’inspirer de nos recommandations pour appuyer ses revendications en matière de financement, tout en partageant avec nous un portrait du financement public dont il bénéficie?
Pourquoi pas! Ces possibilités d’interactions sont à notre portée : les technologies nécessaires à leur réalisation sont accessibles et nos sites de référence constituent une base de départ prometteuse.
Ces sites répondent aujourd’hui à des besoins précis et se révèlent utiles. Dans un futur proche, nous souhaitons multiplier ces bénéfices et le meilleur moyen d’y parvenir c’est en offrant à nos membres et partenaires la possibilité de partager leurs connaissances avec toute la communauté de l’éducation des adultes.
[1] Lire : Dignard, H. (février 2015). « Apprendre + Agir : une publication en ligne de l’ICÉA et un outil pour les réseaux », Actualités de l’ICÉA, 25 février 2015, site Web de l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA). [En ligne] https://icea.qc.ca/fr/actualites/apprendre-agir-une-publication-en-ligne-de-l%e2%80%99ic%c3%a9 (Consulté le 16 octobre 2020).
[2] L’édition ouverte permet à toutes les personnes utilisatrices de créer et de modifier un texte, de créer des liens et d’organiser le contenu. Elles peuvent donc créer des parcours à travers le contenu du wiki.
[3] Cette fonctionnalité permet de voir toutes les versions et modifications apportées à une page.
[4] Associé à chaque page du wiki, un onglet discussion permet aux personnes de discuter de manière asynchrone et de fournir des commentaires et suggestions à propos du contenu spécifique de la page.
[5] Lire l’article « Drupal » sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Drupal.
[6] Lire l’article « Logiciels libres » sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel_libre.
[7] Voici un exemple d’article d’aide à la compréhension de la syntaxe de Wiki qu’on retrouve en ligne : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aide:Syntaxe.
[8] Indicateurs de l’ICÉA, « Les adultes à l’éducation scolaire formelle », en ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_13.
[9] « D’ici 2030, faire en sorte que toutes les femmes et tous les hommes aient accès dans des conditions d’égalité à un enseignement technique, professionnel ou tertiaire, y compris universitaire, de qualité et d’un coût abordable. » (Programme de développement durable à l’horizon 2030, objectif 4.3)
[10] Comme l’explique une revue de littérature des concepts clés liés à l’organisation apprenantes réalisée par Marie-Claude Lehoux (M. SC.) « la gestion des connaissances consiste à planifier, organiser, motiver et diriger les personnes, les processus et les systèmes de l’organisation afin de s’assurer que ses actifs liés à la connaissance soient améliorés et efficaces. (Lehoux, 2017) »
[11] L’Enquête internationale sur l’alphabétisation des adultes (EIAA), la première étude comparative internationale des compétences des adultes, menée entre 1994 et 1998 lors de trois cycles de collecte de données.
[12] Lire « Des clés pour une juste compréhension des résultats du PEICA en matière de littératie », Actualité du site Web de l’ICÉA, Dignard, H., mercredi 2 juillet 2014, en ligne : https://icea.qc.ca/fr/actualites/des-cl%C3%A9s-pour-une-juste-compr%C3%A9hension-des-r%C3%A9sultats-du-peica-en-mati%C3%A8re-de-litt%C3%A9ratie.
[13] Statistique Canada (2011). Les statistiques : le pouvoir des données!, ressource Web, avril 2011, produit no 12-004-X au catalogue de Statistique Canada. [En ligne] https://www150.statcan.gc.ca/n1/edu/power-pouvoir/toc-tdm/5214718-fra.htm (Consulté le 26 novembre 2020).
[14] Voir : Brossard, Louise (2018). « Qui s’instruit s’enrichit… moins vrai pour les personnes immigrantes, 2e article d’une série sur les groupes à risque d’exclusion sociale », [En ligne] https://icea.qc.ca/sites/icea.qc.ca/files/article2_immigration_final_16mai.docx.pdf (Consulté le 5 octobre 2020.)
[15] Indicateurs de l’ICÉA, « Emploi et chômage chez les personnes immigrantes », en ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_29c.
[16] Indicateurs de l’ICÉA, « Revenu des personnes immigrantes », en ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_29d.
[17] Indicateurs de l’ICÉA, « Revenu des Autochtones », en ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_28d.
[18] Indicateurs de l’ICÉA, « Scolarité des personnes vivant avec une incapacité », en ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_27a.
[19] Indicateurs de l’ICÉA, « Scolarité des parents monoparentaux », en ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_31a.
[20] Consulter le site des Nations Unies sur les objectifs de développement durable à l’adresse suivante : undp.org/content/undp/fr/home/sustainable-development-goals.html.
[21] Lire « L’éducation des adultes à la croisée des chemins », Apprendre + Agir, édition 2016, par Hervé Dignard. En ligne : https://icea-apprendreagir.ca/leducation-des-adultes-a-la-croisee-des-chemins/.
[22] Le site de l’ICÉA présente des portraits des personnes vivant avec une incapacité, des Autochtones, des personnes immigrantes, des personnes sans diplôme et des familles monoparentales. Ces portraits sont accessibles en ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/Populations_marginalisées.
[23] Indicateurs de l’ICÉA, « Plus haut niveau de scolarité atteint chez les 25 à 64 ans ». En ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_4.
[24] Indicateurs de l’ICÉA, « Passage à la Formation générale des adultes sans diplôme avant l’âge de 20 ans ». En ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_3.
[25] Indicateurs de l’ICÉA, « Situation des adultes dont le plus haut niveau de scolarité atteint est inférieur au diplôme d’études secondaires ». En ligne : https://apprendre-agir.icea.qc.ca/index.php/INDICATEUR_6.
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE
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DIGNARD, Hervé (2015). « Lire pour apprendre, comprendre et agir », Apprendre + Agir, édition 2015, la publication en ligne de l’ICÉA. [En ligne] https://icea-apprendreagir.ca/lire-pour-apprendre-comprendre-et-agir/ (Consulté le 15 octobre 2020).
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