Édition 2025 d’Apprendre + Agir
Hervé Dignard
Chercheur en éducation des adultes
Institut de coopération pour l’éducation des adultes
La collaboration
Dans le domaine de l’éducation des adultes, la collaboration est au cœur de la plupart des projets de recherche. En effet, il est difficile d’intervenir dans ce domaine sans impliquer d’une manière ou d’une autre ni personne ni organisation.
Dès lors qu’on documente une problématique ou qu’on formule une hypothèse de travail, on s’intéresse à une situation qui apparaît préoccupante. Ce faisant, on cible des personnes ou des organisations qui sont liées au sujet qui nous préoccupe.
Notre action peut alors prendre différentes formes. On peut chercher à identifier des personnes et des organisations dont les connaissances pratiques et l’expertise sont essentielles. On peut chercher à inclure des personnes et des organisations qui sont en relation avec les populations adultes où se trouvent nos sujets de recherche. On peut aussi solliciter la participation active de personnes et d’organisations qui sont aux prises avec le problème qui nous intéresse.
Quel que soit le cas de figure, l’objectif est d’établir des liens de collaboration avec des personnes et des organisations et les voir participer à notre projet.
Au cours des dernières années, plusieurs projets de recherche ont engagé l’ICÉA sur les voies de la collaboration. Cela dit, s’engager dans cette voie n’est ni simple ni évident. Il faut d’abord réfléchir aux pratiques à mettre en œuvre pour favoriser la collaboration avec d’autres organisations ou encourager la participation des personnes concernées par nos projets. Cet exercice de réflexion fait naître toutes sortes de questions concernant l’inclusion et la contribution des personnes et des organisations identifiées lors de la conception d’un projet de recherche (voir l’encadré 1).
Encadré 1 : Des questions nécessaires
Des questions concernant les personnes – Comment favoriser la participation volontaire d’une personne à un projet qui la concerne directement? – Comment générer un climat de confiance qui invite à la collaboration et la coopération? Des questions concernant les organisations – Comment favoriser la participation active d’une autre organisation dans un projet de recherche? – Quelles conditions sont essentielles à la collaboration ou à la coopération d’autres organisations? |
Ces questions se rapportent à des défis – souvent imprévus – qu’il faut relever avant de lancer une importante étape du projet de recherche, sinon le projet lui-même. À prime abord, ces questions peuvent paraitre dérangeantes. Cependant, elles nous poussent à reconnaître des défis qui demeureraient autrement invisibles et même à redéfinir – pour le meilleur – certaines parties d’une recherche en cours ou à venir.
Ces questions mènent donc à des réflexions utiles. Elles permettent de repenser le rôle et les actions d’une organisation dans la genèse d’un projet de recherche. Elles nous orientent vers des postures à adopter pour favoriser l’inclusion volontaire des personnes et des organisations avec lesquelles nous souhaitons travailler.
Finalement, ces questions nous poussent à en formuler de nouvelles. Par exemple, si les apports de certaines personnes et organisations sont essentiels à la réalisation d’un projet de recherche, pourquoi les solliciter a posteriori? Pourquoi ne pas les inclure dans la conception même du projet? Pourquoi ne pas définir avec elles les objectifs de ce projet?
Ce texte porte donc sur ce qui favorise l’inclusion et la collaboration des personnes et des organisations dans un projet de recherche. Pour ce faire, il prend en exemple les réflexions faites dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet de recherche mené conjointement avec le Conseil scolaire des Premières Nations en éducation adultes (CSPNÉA) et plusieurs communautés des Premières Nations présentes au Québec (notamment Atikamekw, Innus, Mi’gmaq et Mohawk).
Avec le recul, ces réflexions apparaissent déterminantes dans la mise en œuvre de ce projet, même si des circonstances indépendantes de notre volonté en ont retardé le démarrage. Ces réflexions nous ont notamment permis de comprendre que l’inclusion et la participation à un projet de recherche ne devraient pas reposer sur une intuition, une conviction ou une certitude.
La suite de ce texte illustre les raisons pour lesquelles l’inclusion et la collaboration devraient reposer sur des valeurs et des engagements qui favorisent la confiance; sur un intérêt partagé pour une question ou un problème; sur un juste partage des responsabilités, des obligations et des retombées d’un projet conjoint, etc.
Des valeurs essentielles pour amorcer un projet collaboratif
La perspective de mener un projet de recherche de concert avec des communautés des Premières Nations est emballante, mais elle comporte son lot de défis pour un allochtone qui n’a jamais vraiment travaillé de concert avec des Autochtones. Le plus important étant sans doute d’inscrire ce projet dans une vision décolonisée et partagée de la recherche. À ce titre, de nombreux pièges étaient à éviter, notamment celui d’imaginer un projet sans inclure, à la base, les premières personnes intéressées.
Il fallait donc imaginer une vision de la recherche menant à une saine collaboration entre l’ICÉA et l’ensemble des parties concernées. C’est dans ce but que nous avons identifié des facteurs qui favorisaient la collaboration avec les Premières Nations.
Il faut préciser ici que, bien avant de lancer cette réflexion, les bases de ce projet avaient déjà fait l’objet de plusieurs discussions raisonnées et constructives entre des personnes responsables du Conseil scolaire des Premières Nations en éducation adultes (CSPNÉA) et de l’ICÉA. Elles ont par ailleurs été facilitées par l’intervention d’un partenaire déjà engagé dans un projet avec le CSPNÉA et des membres de la communauté Mi’kmaq de Gesgapegiag.
Il faut également préciser que ces discussions se sont déroulées sur une longue période, soit plus de deux ans entre l’évocation d’une contribution de l’ICÉA et la conception du projet. Durant cette période, ces discussions ont pour la plupart été ouvertes, exploratoires et marquées par la transparence et le respect des valeurs des uns et des autres.
Ces discussions ont permis de rédiger un projet de recherche qui engageait la collaboration du CSPNÉA et de l’ICÉA dans la création d’un outil de reconnaissance des compétences propre aux Premières Nations.
Les trois objectifs définis dans ce projet étaient les suivants :
- Concevoir et valider un référentiel de compétences génériques dites socioémotionnelles pour les Premières Nations par une démarche de recherche-action.
Résultat attendu : un nouveau référentiel de compétences socioémotionnelles construit à partir des savoirs traditionnels des cultures des Premières Nations et aligné avec le Cadre des compétences pour réussir.
- Adapter un outil de reconnaissance des compétences génériques en s’appuyant sur le nouveau référentiel propre aux Premières Nations (objectif 1), à l’aide d’une démarche de recherche-action.
Résultat attendu : un outil de reconnaissance des compétences socioémotionnelles qui s’appuie sur le nouveau référentiel construit à partir des savoirs traditionnels des cultures Premières Nations et qui inclura une démarche de validation des acquis adaptée aux pratiques Premières Nations.
- Étudier comment ce nouveau référentiel et ces nouveaux outils de reconnaissance peuvent favoriser le développement des compétences pour réussir afin de mieux soutenir les acteur·ices du marché du travail et le développement socio-économique des communautés des Premières Nations.
Ce projet proposait par ailleurs de partir d’un outil de reconnaissance des forces des personnes qui avait déjà fait ses preuves : Nos compétences fortes1. L’idée générale était de mettre à l’essai la démarche Nos compétences fortes dans plusieurs communautés autochtones afin de réaliser, avec différents groupes de personnes participantes, des collectes de données qui fourniraient les bases d’un nouvel outil. À ce titre, il était prévu que sept communautés autochtones présentes sur le territoire québécois soient engagées dans ce projet. Il a finalement été possible d’engager cinq communautés autochtones dans ce projet (deux anglophones et trois francophones). Ces communautés sont liées aux nations suivantes : Atikamekw, Innu, Mi’gmaq et Mohawk.
Dans le cadre de ce projet, l’utilisation de l’outil Nos compétences fortes vise essentiellement à fournir un cadre positif de réflexion sur lequel les communautés des Premières Nations participantes pourraient s’appuyer afin définir les paramètres d’un nouvel outil. Nos compétences fortes prend ainsi le statut d’un objet dont la structure peut être décomposée et dont le fonctionnement peut être analysé dans une perspective alliant la création et la rétro-ingénierie2.
Pour la réalisation de la première étape du projet, le plan de match proposé est le suivant :
- d’abord, faire vivre la démarche NCF à des groupes de personnes participantes3 : ces personnes auront alors la possibilité de découvrir les éléments structurants et fondamentaux d’un outil de reconnaissance des compétences qui a fait ses preuves;
- ensuite, inviter ces mêmes personnes à analyser la démarche NCF : elles pourront alors nommer des éléments qui devraient être intégrés dans un nouvel outil, propre aux Premières Nations.
Les membres des Premières Nations sont les seules personnes à disposer des connaissances nécessaires à la création d’un nouvel outil de reconnaissance des compétences. L’ICÉA avait peut-être une connaissance approfondie d’un outil dédié à la reconnaissance des forces des personnes, mais il ne disposait que de peu de connaissances utiles à la création d’un nouvel outil qui conviendrait aux Premières Nations.
Pour ce faire, il faudrait entreprendre un long processus de consultation auprès des personnes, des communautés et même des peuples des Premières Nations dans le but d’identifier les éléments structurants du nouvel outil. Par ailleurs, même si l’ICÉA parvenait à relever ce défi en faisant abstraction de tout préjugé, le résultat obtenu pourrait facilement être jugé inadéquat, ce qui ferait obstacle à son approbation par les Premières Nations.
Notre obligation dans ce projet est de fournir une expertise en matière de reconnaissance des forces des personnes au CSPNEA et d’alimenter – de manière objective – un processus de réflexion qui permettra aux membres des communautés engagées d’identifier et de mobiliser les connaissances nécessaires à la création d’un outil qui sera en adéquation avec les cultures et les coutumes des Premières Nations.
Pour atteindre cet objectif, il apparait essentiel d’établir d’un climat de confiance mutuelle, qui favorise la collaboration et la participation active des Premières Nations, dans le respect de leurs façons de voir le monde et de concevoir la connaissance. Ce défi, d’autres organisations l’ont déjà relevé et il est possible de tirer des leçons positives de ces expériences réussies.
Les leçons à tirer de ces expériences sont d’autant plus importantes que l’engagement souhaité des Premières Nations dans ce projet comprend une participation active du Conseil scolaire des Premières Nations en éducation des adultes (CSPNÉA) et de ses membres à la coordination de la recherche (avec la collaboration de l’ICÉA) ainsi qu’à la coordination des opérations réalisées dans les différentes communautés autochtones intéressées par le projet.
Par ailleurs, dans chacune des communautés engagées dans le projet, le CSPNÉA souhaite embaucher des personnes responsables qui seront formellement incluses dans l’équipe de recherche (à titre de co-chercheuses). Dans un premier temps, ces personnes seront appelées à valider et à modifier si nécessaires le cadre du projet et ses différentes étapes. Dans un deuxième temps, elles joueront un rôle de premier plan dans les étapes de collecte de données, de création et d’expérimentation du nouvel outil de reconnaissance propre aux Premières Nations.
Finalement, ce projet comprend la participation active de diverses personnes provenant de chacune de ces communautés autochtones engagées dans le projet. Ces personnes seront reconnues comme des membres associés à l’équipe de recherche (co-chercheuses).
Les leçons en matière de collaboration
Une recherche documentaire a permis d’identifier plusieurs personnes et organisations ayant déjà collaboré à la réalisation de divers projets de recherche menés de concert avec les Premières Nations. À la lumière de cette recherche, il est apparu que le succès de ces collaborations se fondait sur l’adoption et la reconnaissance de valeurs, de principes ou de lignes directrices tirés des leçons de l’expérience.
Nous avons retenu les leçons tirées des réflexions menées par l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL, 2014), le Groupe de travail des Premiers Peuples (INQ, 2017), l’Alliance de recherche ODENA (Lévesque et al., 2018), RDK Herman, qui est géographe principal au Smithsonian National Museum of the American Indian (Herman, 2018) et le Réseau des CCTT, les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT, 2022).
Ces leçons prenaient la forme de différents énoncés de principes dont les messages et le contenu ont été utilisé afin de définir un ensemble de valeurs et d’engagements qui apparaissent essentiels au succès de tout projet de recherche qui engage la participation des Premières Nations.
Dans un premier temps, six valeurs ont librement été définies comme des volontés à mettre en œuvre, de concert avec les Premières Nations concernées (voir l’encadré 2). Ces valeurs inspirées des auteurs cités au paragraphe précédent (APNQL, 2014; INQ, 2017; Lévesque et al., 2018; Herman, 2018; CCTT, 2022) sont présentées de façon détaillée à la section « Les valeurs proposées » (plus loin dans le texte).
Encadré 2 : Six valeurs essentielles à la collaboration
Respect : Le respect représente une volonté de reconnaître les différences qui caractérisent toutes les personnes engagées dans un processus de recherche, de valoriser ces différences comme si elles étaient nôtres et de s’appuyer sur ces différences pour développer une vision commune et partagée de la recherche et des savoirs. Réciprocité : La réciprocité représente une volonté de faire en sorte que toutes les personnes engagées dans un processus de recherche soient invitées à donner autant qu’à recevoir, de sorte qu’elles estiment prendre part à une relation qui leur est mutuellement profitable. Équité : L’équité représente une volonté de reconnaître les besoins de toutes les personnes engagées dans un processus de recherche, d’apprécier à leur juste valeur les contributions de toutes ces personnes et de partager le pouvoir et les bénéfices entre toutes ces personnes. Partage : Le partage représente une volonté de mettre en commun les expériences et les expertises de toutes les personnes engagées dans un processus de recherche et de multiplier les occasions d’apprendre les uns des autres. Transparence : La transparence représente une volonté de partager toutes les données et tous les résultats obtenus avec toutes les personnes engagées dans un processus de recherche. Intégrité : L’intégrité représente une volonté d’entamer des discussions avec toutes les personnes engagées dans un processus de recherche et de soumettre à la négociation tous les aspects d’un projet de recherche (valeurs, objectifs, méthodologies, sources de financements, etc.). |
Concernant ces valeurs, il apparaît important de les affirmer dès le départ d’un projet de recherche mené avec les Premières Nations. Par ailleurs, l’ensemble des réflexions retenues (APNQL, 2014; INQ, 2017; Lévesque et al., 2018; Herman, 2018; CCTT, 2022) illustrent l’importance de s’assurer que toutes les personnes engagées dans un processus de recherche (Autochtones et Allochtones) aient une compréhension commune et partagée de ce processus et de ses implications.
Dans la perspective d’une compréhension et d’une reconnaissance commune, ces valeurs se présentent comme les bases permettant d’établir un cadre relationnel solide avec les Premières Nations. Il manque cependant des éléments essentiels à l’établissement de ce cadre : quatre engagements dont l’influence sur le succès du projet de recherche apparaissait déterminante s’ajoutent donc à ce cadre.
Ces engagements (encadré 3) ont eux aussi été librement définis à partir des leçons tirées des réflexions menées par l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL, 2014), le Groupe de travail des Premiers Peuples (INQ, 2017), l’Alliance de recherche ODENA (Lévesque et al., 2018), RDK Herman, qui est géographe principal au Smithsonian National Museum of the American Indian (Herman, 2018) et le Réseau des CCTT (CCTT, 2022).
Ces engagements sont présentés de façon détaillée à la section « Les engagements de l’ICÉA ». Ils complètent ce cadre proposé aux Premières Nations en soulignant notre volonté d’établir un climat de confiance mutuelle, de contribuer au mieux-être des communautés et des personnes engagées dans ce processus, de favoriser une plus grande justice éducative et sociale et de mettre de l’avant une éthique de recherche responsable.
Encadré 3 : Quatre engagements pour un cadre relationnel solide
Confiance (mutuelle et relationnelle) : La confiance représente l’idéal d’une disposition commune et partagée entre toutes les personnes engagées dans un processus de recherche. Elle prend forme dans notre volonté d’établir des relations respectueuses avec les Premières Nations, fondées sur la réciprocité, l’équité, la justice et la transparence. Mieux-être (collectif) : Le mieux-être représente une volonté de tenir compte de l’environnement physique, social, économique et culturel de toutes les personnes engagées dans un processus de recherche et d’orienter la recherche vers le renforcement des capacités d’action de ces personnes. Justice (éducative et sociale) : La justice représente une volonté d’orienter la recherche vers une meilleure compréhension des réalités des communautés engagées dans ce processus, d’être équitable dans le partage des connaissances produites et des occasions d’apprendre, de (co)construire un pouvoir d’action qui favorise l’exercice du droit d’apprendre pour toutes et tous et toutes. Responsabilité (éthique) : La responsabilité représente une volonté d’obtenir un consentement libre et éclairé de toutes les personnes engagées dans un processus de recherche, d’assurer l’anonymat de ces personnes et la confidentialité. Dans le cadre du projet mené avec les Premières Nations, cet engagement était directement lié aux principes PCAP des Premières Nations. |
Les valeurs proposées
Les six valeurs présentées comme des volontés de l’ICÉA dans l’encadré 2 sont définies ici avec précision. Rappelons qu’elles sont tirées des réflexions faites par plusieurs personnes et organisations4 qui ont étroitement collaboré avec les Premières Nations dans le cadre de projets de recherche.
Respect
Le respect représente la capacité de reconnaître les différences qui caractérisent toutes les personnes engagées dans un processus de recherche. Il prend forme dans notre capacité de valoriser ces différences comme si elles étaient nôtres et de s’appuyer sur elles pour développer une vision commune et partagée de la recherche et des savoirs.
Pour l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) et le Groupe de travail des Premiers Peuples (GTPP), le respect est « un principe de recherche qui s’applique autant aux personnes, à la relation qu’elles entretiennent entre elles, qu’aux connaissances, aux perspectives et aux conceptions propres à chaque culture » (APNQL, 2014 : 5).
Pour l’Alliance de recherche ODENA, le respect est basé sur la reconnaissance à part entière des savoirs et des expertises de chaque personne, qu’il s’agisse de savoirs scientifiques, de savoirs autochtones, de savoirs spirituels ou de savoirs expérientiels (Lévesque et coll., 2018).
Finalement, pour le Réseau des CCTT, la question du respect est centrée sur les personnes : il se traduit par le consentement libre, éclairé et continu des personnes et des communautés engagées dans un projet de recherche. Le Réseau des CCTT souligne à ce titre l’importance de reconnaître les identités et les cultures distinctes de ces personnes. Il faut reconnaître que leur vision de la recherche sera différente de la nôtre et que ces personnes souhaiteront transmettre leurs savoirs aux générations futures dans le respect des traditions propres à leur communauté (CCTT, 2022).
La définition même du mot « respect » est à confirmer dans les interactions avec les Premières Nations. En effet, certaines langues des Premières Nations n’ont « pas de mot pour traduire le terme ‘‘respect’’ tel qu’il est compris » en français ou en anglais (APNQL, 2014 : 5). Le respect commence donc par une juste compréhension de ce que ce mot représente pour chacune des parties prenantes.
Réciprocité
La réciprocité représente la capacité de faire en sorte que toutes les personnes engagées dans un processus de recherche soient invitées à donner autant qu’à recevoir. L’objectif est de faire en sorte que ces personnes prennent part à une relation qui leur est mutuellement profitable.
Pour l’APNQL, la réciprocité renvoie à la nature des relations établies entre les communautés des Premières Nations et l’équipe de recherche :
Il est question d’une relation de réciprocité entre l’équipe de chercheurs et la Première Nation impliquée lorsque chacun donne autant qu’il reçoit. Dans cet esprit, chacune des parties doit pouvoir retirer des bénéfices de la recherche (au-delà du strict aspect financier). La coconstruction5 ou le double regard6 des connaissances est un exemple concret d’une relation de réciprocité dans un contexte de recherche (APNQL, 2014 : 6).
Pour le GTPP, la réciprocité mène à une forme d’égalité entre les différentes personnes engagées dans un processus de recherche. Cette égalité fait en sorte que les connaissances et les savoirs occidentaux sont équivalents et même complémentaires aux connaissances et aux savoirs autochtones, et vice versa (INQ, 2017).
Pour l’Alliance de recherche ODENA, la réciprocité traduit l’appartenance à un projet collectif dont les bénéfices et les retombées seront partagés entre tous et toutes. Ces bénéfices et ces retombées auront donc un impact large, en milieux universitaires comme en milieux autochtones, et ils prendront différentes formes (à l’écrit ou à l’oral), allant au-delà de la seule appropriation individuelle (Lévesque et coll., 2018).
Finalement, pour Herman (2018), la réciprocité prend forme dans la volonté d’établir des partenariats avec les Premières Nations. Les communautés participantes doivent avoir la possibilité d’examiner les résultats de la recherche : les revoir, les modifier et les valider. Par ailleurs, les avantages de cette recherche doivent être partagés avec les communautés concernées : la diversité des bénéfices auxquels elles auront accès réduira d’autant les incidences négatives d’un projet.
Équité
L’équité représente la capacité de reconnaître les besoins de toutes les personnes engagées dans un processus de recherche, d’apprécier leurs contributions à leur juste valeur et de s’assurer que ces personnes profitent elles aussi des différents leviers (connaissances, pouvoir, bénéfices, etc.) que leur offre un projet de recherche.
Dans le protocole de l’APNQL, l’équité est présentée comme le fait de reconnaître ce que les différentes parties apportent à un projet de recherche et d’accorder une valeur à ce qu’elles en retirent. L’APNQL précise à ce titre que « l’équité se traduit principalement de trois façons : 1) dans la reconnaissance des besoins respectifs des partenaires de la recherche; 2) dans l’exercice du pouvoir partagé entre les Premières Nations et l’équipe de chercheurs; 3) dans le partage des retombées et bénéfices de la recherche » (APNQL, 2014 : 6).
Pour le GTPP, l’équité fait « référence au partage de connaissances, du pouvoir, des bénéfices et des retombées avec les membres de la communauté » (INQ, 2017 : 9). Le Groupe rejoint en cela des préoccupations communes à l’APNQL et à l’Alliance de recherche ODENA. Pour cette dernière, l’équité se manifeste en effet dans l’importance de prendre en compte et de valoriser l’apport respectif de chaque personne à la production collective en signant de concert les travaux entrepris, par exemple, que ce soit des documents de recherche, des recueils de textes, des conférences ou des articles scientifiques (Lévesque et al., 2018).
Partage
Le partage représente la capacité de mettre en commun les expériences et les expertises de toutes les personnes engagées dans un processus de recherche et de multiplier les occasions d’apprendre les uns des autres.
Pour l’Alliance de recherche ODENA, le partage souligne l’importance de mettre en commun ses expériences et ses expertises et de multiplier les occasions de rencontre et d’échange en créant les conditions propices à la prise de parole de toutes les personnes concernées, que ce soit en milieu universitaire ou en milieu autochtone (Lévesque et coll., 2018).
Dans le protocole de l’APNQL, le partage est intimement lié à de nombreux aspects de la collaboration avec les Premières Nations, comme l’exercice du pouvoir dans un contexte de recherche, les retombées et les bénéfices d’un projet conjoint, la propriété intellectuelle et l’accès aux données générées par un projet, de même que les responsabilités et les attentes des différentes parties engagées (APNQL, 2014).
Finalement, pour le GTPP, le partage prend forme dans une valeur comme l’équité, quand vient le temps de partager les connaissances, les responsabilités, le pouvoir, les bénéfices et les retombées d’un projet de recherche avec les membres des communautés engagées (INQ, 2017).
Transparence
La transparence représente notamment la capacité de faire en sorte que les personnes engagées dans un processus de recherche aient toutes accès aux données et aux résultats générés par ce projet. Elle représente également notre capacité d’être honnête dans la présentation de nos intentions et la conduite de nos actions.
Pour le GTPP, la transparence « s’illustre par le fait de laisser paraître la réalité tout entière », de diffuser les renseignements concernant les Premières Nations « de façon véridique, claire et complète » (INQ, 2017 : 10). Cette transparence apparaît être une condition essentielle à construction d’un climat de confiance avec les Premières Nations.
La transparence est également associée à l’honnêteté et à la confiance dans le protocole de l’APNQL : elle est à la base de la relation respectueuse qu’il faut établir avec les communautés pour parvenir à une entente de recherche efficace (APNQL, 2014).
Finalement, Herman (2018) associe lui aussi la transparence à l’honnêteté et à la confiance. Elle devient alors une qualité nécessaire à toute personne qui souhaite aller à la rencontre d’une communauté et de ses représentants pour négocier les détails d’un projet.
Intégrité
L’intégrité représente la capacité d’entamer des discussions avec toutes les personnes engagées dans un processus de recherche et de soumettre à la négociation tous les aspects d’un projet de recherche (valeurs, objectifs, méthodologies, sources de financements, etc.).
Pour Herman (2018), l’intégrité prend forme dans un processus de consultation ouvert avec les Premières Nations. Ce processus est initié avant le début du projet et il est animé par des discussions et des négociations portant sur tous les aspects de la recherche projetée (objectifs, méthodologie, commanditaires, etc.). Herman souligne par ailleurs l’importance d’agir en conformité avec le « cadre de valeurs des peuples autochtones concernés » (Herman, 2018 : 4), de respecter les « traditions et les protocoles culturels » (Herman, 2018 : 5) des communautés et des personnes participantes, et de s’assurer que la recherche qu’elle permette de « refléter et [de] soutenir ces valeurs » (Herman, 2018 : 4) au lieu de les recadrer dans une perspective occidentale.
Le protocole de l’APNQL associe pour sa part l’intégrité à des considérations éthiques touchant à la qualité des données produites dans le cadre d’un processus de recherche, à la protection des savoirs traditionnels acquis dans le cadre de ce processus ainsi qu’au respect de la propriété intellectuelle7 des Premières Nations (APNQL, 2014).
Les engagements de l’ICÉA
Les quatre engagements de l’ICÉA présentée à l’encadré 3 sont définis ici avec précision. Rappelons que ces engagements sont tirés des réflexions faites par plusieurs personnes et organisations8 qui ont étroitement collaboré avec les Premières Nations dans le cadre de projets de recherche.
Confiance (mutuelle et relationnelle)
La confiance représente ici l’idéal d’une disposition commune et partagée entre toutes les personnes engagées dans un processus de recherche. Il apparaît qu’elle prend forme dans une volonté d’établir des relations respectueuses avec les communautés des Premières Nations intéressées dans un projet; des relations fondées sur la réciprocité, l’équité, la transparence et la justice (trois valeurs définies plus haut et un engagement défini plus bas).
Pour l’Alliance de recherche ODENA, la « confiance se vérifie dans l’adhésion à une infrastructure conjointe et dans la volonté de préserver la qualité des relations et des liens établis à travers les activités et les initiatives mises en œuvre » (Lévesque et coll., 2018 : 4). La confiance doit être une disposition mutuelle des parties engagées dans un projet. Elle apparaît essentielle à toute volonté commune de travailler ensemble, de créer un climat de bonne entente ou de s’engager dans des relations marquées par la réciprocité, la collégialité et la convivialité. Elle est par ailleurs étroitement liée à tout ce qui touche à la sécurisation culturelle9.
Le protocole de l’APNQL présente la confiance comme la qualité première des relations à établir avec les Premières Nations engagées dans un processus de recherche (APNQL, 2014). Tandis que le réseau des CCTT souligne l’importance de prendre le temps nécessaire pour « bâtir » cette confiance. Des mois et des années peuvent être nécessaires pour relever ce défi. Par ailleurs, le fait de s’associer à des personnes qui ont déjà « la confiance » d’une communauté peut constituer un avantage appréciable (CCTT, 2022).
Finalement, le GTPP présente la confiance comme le résultat d’une volonté d’agir en toute transparence (INQ, 2017).
Mieux-être (collectif)
Le mieux-être représente ici une volonté de tenir compte de l’environnement physique, social, économique et culturel de toutes les personnes engagées dans un processus de recherche et d’orienter la recherche vers le renforcement des capacités d’action de ces personnes.
Pour le réseau des CCTT, les préoccupations pour le mieux-être se traduisent par l’obligation de « considérer les participants dans leur environnement physique, social, économique et culturel » et de tenir compte des caractéristiques propres à leur communauté (CCTT, 2022 : 10). Ce mieux-être est avant tout collectif. Il nous engage à faire en sorte que la recherche contribue au renforcement des capacités d’actions des communautés des Premières Nations (préserver la culture, la langue, l’identité, etc.) autant que de leurs membres.
Le GTPP rappelle pour sa part que le mieux-être est un enjeu éthique de la recherche mené avec les communautés autochtones, tout comme le sont le respect et la justice (INQ, 2017). Le mieux-être apparaît ainsi lié à la confiance, devenant l’un de ses fondements.
Finalement, sans pour autant utiliser le terme « mieux-être », le protocole de l’APNQL insiste sur l’importance de faire en sorte que la recherche contribue au renforcement des compétences des Premières Nations (APNQL, 2014). Les personnes et les communautés devraient ainsi être invitées à nous faire part de ce qui est susceptible de contribuer au renforcement de leurs capacités et à leur mieux-être (collectif et individuel).
Justice (éducative et sociale)
La justice représente ici une volonté d’orienter la recherche vers une meilleure compréhension des réalités des communautés engagées dans ce processus, d’être équitable dans le partage des connaissances produites et des occasions d’apprendre, et de (co)construire un pouvoir d’action qui favorise l’exercice du droit d’apprendre pour toutes et tous. Dans cette perspective, cette justice se doit d’être à la fois éducative et sociale.
Pour l’Alliance de recherche ODENA, la justice est le fruit d’une leçon tirée de l’expérience partenariale, soit l’engagement des personnes dans un processus de recherche qui tend vers une société plus juste et plus équitable (Lévesque et coll., 2018). Cette valeur prend notamment forme dans la volonté de collaborer, de produire des connaissances communes et partagées; d’apprendre de ces personnes et avec elles; de contribuer à faire connaître les réalités des Premières Nations, de rendre visibles les enjeux qui les concernent et de sensibiliser la société à leur spécificité.
Pour le réseau des CCTT, la justice se traduit par un équilibre du pouvoir entre les personnes qui participent à la recherche et celles qui en sont responsables (CCTT, 2022). Le réseau insiste à ce titre sur l’importance de miser sur la communication et la confiance mutuelle, de définir des objectifs qui sont à l’avantage de tous et d’établir des mécanismes de collaboration et de partenariats respectueux. L’équilibre du pouvoir valorisé par le réseau des CCTT rappelle la valeur d’équité définie plus avant.
Finalement, le protocole de l’APNQL cite la justice10 comme un pilier de l’équité. Ce faisant, la justice est associée à une juste reconnaissance des besoins des communautés concernées ainsi qu’à un partage équitable du pouvoir et des bénéfices d’un projet entre les Premières Nations et les personnes qui le coordonnent (APNQL, 2014).
Responsabilité (éthique)
La responsabilité représente ici une volonté d’obtenir un consentement libre et éclairé de toutes les personnes engagées dans un processus de recherche, d’assurer l’anonymat de ces personnes (confidentialité des données) et de leur fournir des garanties concernant la propriété, le contrôle, l’accès et la possession (principes PCAP®) des données produites et utilisées dans le cadre de ce projet. Parce qu’elle prend forme dans un contexte de recherche, et tout particulièrement lorsqu’un projet engage la participation de personnes, cette responsabilité est avant tout éthique.
Pour Herman (2018), la responsabilité dans un contexte de recherche avec les Premiers Peuples prend forme autour de trois axes d’action : 1) le « consentement total et éclairé des participants à la recherche et des personnes […] touchées », sachant que ce consentement peut être individuel et collectif; 2) la négociation des conditions concernant la « confidentialité, l’anonymat et la reconnaissance publique des participants »; et 3) la protection des connaissances traditionnelles et de la propriété intellectuelle des personnes et des nations détentrices de ces connaissances (Herman, 2018).
Pour l’APNQL (2014), la question de la responsabilité est intimement liée à tout ce qui concerne leurs savoirs traditionnels et l’héritage culturel des Premières Nations. Cette responsabilité à l’égard des savoirs des Premières Nations revêt un caractère collectif et elle rend « imputables11 » les personnes qui scellent ou qui signent une entente.
Finalement, pour le GTPP, il est plutôt question de « principes éthiques de la recherche ». Le Groupe souligne à ce titre que les « principes de propriété, de contrôle, d’accès et de possession des données et des informations (PCAP®) — (incluant les résultats) — doivent être considérés comme étant le fondement même de la recherche avec les peuples autochtones » (INQ, 2017 : 9). Ces considérations nous ramènent à la volonté d’agir de manière responsable définie plus haut.
Recoupements et croisements
Cette présentation détaillée des valeurs et des engagements proposés met en lumière les nombreux recoupements qui caractérisent les réflexions des personnes et des organisations citées. On note par exemple que les fondements de valeurs comme le respect, la justice et la confiance s’entrecroisent et se font échos dans les réflexions de la plupart de ces auteurs. Cela dit, il ne faut pas oublier que le terme « respect » n’a pas d’équivalent dans certaines langues autochtones (APNQL, 2014).
On note également que des termes différents sont parfois utilisés pour cerner le cœur d’une seule et même question. C’est notamment le cas des termes « responsabilité » (APNQL, 2014) et « éthique » (INQ, 2017) qui sont tous deux utilisés pour définir les attentes des Premières Nations en ce qui concerne la protection des savoirs traditionnels et de l’héritage culturel ainsi que l’accès et la propriété des données produites avec la collaboration des Premières Nations.
Dans la définition des valeurs et des engagements proposés, nous avons tenté d’aller au-delà de ces recoupements. Notre attention est allée aux questions fondamentales qui étaient liées aux valeurs, aux principes et aux lignes directrices présentés par l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL, 2014), le Groupe de travail des Premiers Peuples (INQ, 2017), l’Alliance de recherche ODENA (Lévesque et al., 2018), RDK Herman, qui est géographe principal au Smithsonian National Museum of the American Indian (Herman, 2018) et le Réseau des CCTT (CCTT, 2022).
L’exercice présenté ici tente donc de souligner l’importance d’éléments qui se veulent distincts les uns des autres, et dont l’addition et la juxtaposition permettaient d’exprimer, de la manière la plus honnête possible, nos intentions à l’égard du Conseil scolaire des Premières Nations en éducation des adultes (CSPNÉA) dans un premier temps, et par la suite auprès des communautés autochtones engagées dans le projet.
La proposition faite aux Premières Nations
Dans le cadre du projet mené avec le CSPNÉA, voici les six valeurs essentielles à la collaboration ainsi que les quatre engagements jugés essentiels à un cadre relationnel solide qui ont été proposés aux Premières Nations (figure 1).
Figure 1 : Valeurs, cadre relationnel et options méthodologiques

Comme l’illustre la figure 1, l’affirmation de valeurs communes a pour objectif d’ouvrir la voie à une saine collaboration avec les membres des Premières Nations concernées ou impliquées dans le projet. Ces valeurs sont présentées comme les bases d’un cadre relationnel qui devrait (idéalement) répondre aux attentes de nos partenaires. Finalement, ces valeurs et ces engagements sont les prémices du cadre méthodologique à définir.
Définir un cadre méthodologique
Établir un cadre méthodologique solide est d’une grande importance. Ce cadre doit tout à la fois favoriser la collaboration de plusieurs communautés des Premières Nations et la coopération de nombreuses personnes provenant de ces communautés. Qui plus est, ce cadre doit prendre forme dans un espace de décisions conjointes où l’ensemble des personnes engagées12 devraient avoir la possibilité d’influencer sa construction.
Ce cadre méthodologique doit servir à engager l’ICÉA et les Premières Nations dans un processus collaboratif et coopératif permettant de construire de nouveaux savoirs et de nouvelles connaissances en lien avec la reconnaissance des forces des personnes. Ici, les forces en question sont comparables à des savoirs-agir utiles dans plusieurs sphères de la vie, comme le sont de nombreuses compétences socioémotionnelles ou génériques.
Ce cadre doit notamment permettre de créer un prototype d’outil de reconnaissance des compétences dont les articulations et le fonctionnement seraient en adéquation avec les valeurs et les cultures des Premières Nations; de mettre à l’épreuve le prototype d’outil créé et de l’améliorer avec l’aide de nombreuses personnes membres des communautés autochtones participantes; et de valider la forme définitive de l’outil ainsi créé auprès des Premières Nations.
Ces opérations nécessitent l’engagement de personnes participantes à une série de mises à l’essai et d’expérimentations, qui prennent la forme d’animations de groupe réalisées en situations réelles. Par ailleurs, ces animations seront doublées de collecte de données réalisées auprès des personnes participantes, idéalement après l’animation des ateliers proposés. Lors de ces collectes, les personnes participantes seront encouragées à partager leurs savoirs (formels et informels) et les fruits de leur expérience dans un exercice d’intelligence collective dont l’objectif est de croiser la somme de leurs acquis avec ceux des autres membres de l’équipe de recherche13.
Ce cadre méthodologique implique qu’une majorité des personnes engagées dans ce projet soient à la fois sollicitées comme participantes des mises à l’essai et des expérimentations, et comme associées au processus de construction de nouveaux savoirs, de création d’un outil adapté aux Premières Nations participantes.
En vertu de ce cadre, il faut créer un environnement de travail où ces personnes seront encouragées à agir comme co-chercheuses à différentes étapes du projet. Dans le respect de leurs capacités, il faut également trouver un moyen d’inclure formellement ces personnes participantes dans des boucles de rétroaction, avec les agent·e·s de recherche responsables des terrains et de la coordination de la recherche.
Proposer des approches
Pour appuyer ce cadre, il fallait proposer des approches qui s’accordent elles aussi avec les modes de penser, de créer et d’expérimenter des Premières Nations. Plusieurs options méthodologiques apparaissent prometteuses pour relever ce défi. À ce titre, il apparaît intéressant de mettre à profit les grands principes liés à la recherche-action coopérative, lesquels sont utilisés avec succès dans le champ de la recherche partenariale et collaborative.
Comme l’explique Bonny, la recherche-action coopérative est l’une des différentes « formes de recherche partenariale participative dans lesquelles l’ensemble des [personnes] impliqué[e]s sont considéré[e]s comme cochercheur[e]s et cosujet[e]s » (Bonny, 2017 : 11). Cette double posture (chercheur·euse-et-sujet-de-recherche ou sujet-de-recherche-et-chercheur·euse) est d’un grand intérêt dans le cadre de ce projet de recherche.
La recherche-action coopérative se présente par ailleurs comme la conjonction de plusieurs univers :
- Celui de la recherche-action où l’intervention prend la forme « d’une démarche de résolution de problèmes susceptible de contribuer à améliorer une situation jugée problématique » (Morissette, 2013 : 37).
- Celui de la recherche collaborative où l’étude d’un problème se fait avec les personnes : celles-ci ne sont plus seulement des sources d’informations, mais des parties prenantes actives, qui facilitent la recherche et dont la participation est essentielle (Félix et coll., 2009).
- Celui des approches coopératives où les personnes (chercheuses et participantes) partagent leurs expériences dans une succession d’étapes de réflexion et d’action qui mènent à la co-construction de nouvelles connaissances (Félix et coll., 2009).
En addition à cette approche, il apparaissait intéressant de tirer profit de méthodes développées pour et par des populations autochtones, comme le croisement des savoirs et le double regard. Ces deux approches sont centrées sur la reconnaissance de différentes perspectives en lien avec les savoirs des personnes et leur conception du monde, de même que sur l’importance de tenir compte de ces différences dans un processus visant à construire de nouvelles connaissances.
Le croisement des savoirs est le fruit d’expériences menées en Amérique du Sud. Cette approche est intéressante parce qu’elle commande la participation active de toutes les personnes engagées dans un projet, permettant ainsi de reconnaître et de légitimer des connaissances et des savoirs « qui ne sont pas [uniquement] rattachés à la logique ‘‘scientifique’’ telle que la conçoit la perspective occidentale » (Balcárcel, 2016 : 41). Cette approche souligne ainsi l’existence de différentes manières de construire une connaissance valable sachant que « tout savoir est le dépassement d’une ignorance particulière » et que les différents savoirs « sont appelés à dialoguer, se compléter, se comprendre mutuellement » (Balcárcel, 2016 : 41).
Le concept de double regard – Two-Eyed Seeing en anglais ou Etuaptmumk en mi’kmaq – a été formulé par l’aîné Albert Marshall de la nation Mi’kmaq. Celui-ci explique que « la vision à deux yeux consiste à apprendre à voir d’un œil avec les points forts des modes de connaissance autochtones et de l’autre œil avec les points forts des modes de connaissance occidentaux, et à utiliser ces deux yeux ensemble » (Two-Eyed Seeing, 2021).
Le protocole de l’APNQL précise par ailleurs que le « concept de double regard […] réfère aux différences de conception du monde entre les Premières Nations et les allochtones, au respect de cette différence et à leur mise en commun dans le but de générer de nouvelles connaissances » (APNQL, 2014 : 6). Finalement, le site Web Reconciling ways of knowing définit ainsi le double regard :
Etuaptmumk […] est un principe directeur […] qui reconnaît que de meilleurs résultats sont plus probables si nous réunissons deux perspectives ou plus dans une collaboration. En conséquence, Etuaptmumk peut également être compris comme un don de perspectives multiples, une vision et un cadre qui pourraient nous aider à faire mieux dans de nombreux domaines de nos vies communes, y compris notre relation avec la terre. (Canadian Mountain Network, 2022)
L’intérêt du double regard réside dans l’idée que l’addition des perspectives autochtones et occidentales (notamment en ce qui concerne leurs forces) permet de générer des connaissances ayant une grande valeur ajoutée, tant pour les membres des Premières Nations qui adoptent cette approche que pour les chercheurs et chercheuses qui l’intègrent dans leur pratique.
Conclusion
À l’heure actuelle, le partenariat initié avec les Premières Nations est en cours de réalisation. Ce projet se poursuit jusqu’en juillet 2025. Son déroulement présente des défis méthodologiques, logistiques et humains, mais il repose sur des cadres (relationnel et méthodologique) à la fois solides et flexibles qui vont contribuer, nous l’espérons, au succès de sa réalisation.
La réussite de ce projet sera en grande partie attribuable à notre volonté d’établir une relation de confiance avec les communautés des Premières Nations avec lesquelles nous collaborons.
Rappelons ici que l’objectif du projet de recherche est de définir un ou des modes de reconnaissance des forces de personnes provenant des Premières Nations, avec la création d’un nouvel outil et la sélection de différents cadres de références. Pour atteindre cet objectif, il faut à la fois reconnaître et prendre en compte de la vision du monde et des systèmes de connaissances des différentes communautés engagées dans ce projet.
Les visions du monde et de la connaissance des Premières Nations sont à la fois holistiques, circulaires, relationnelles, écocentriques et spirituelles (Ellington, 2019) : l’outil à créer et les cadres de références à sélectionner doivent impérativement correspondre à ces visions; correspondre aux différentes cultures et aux traditions des personnes et des communautés engagées dans ce projet.
Les résultats à venir doivent témoigner de l’engagement entier et volontaire des Premières Nations dans ce projet. Ils seront par ailleurs tributaires de notre volonté d’inclure toutes les personnes concernées à la fois comme parties prenantes (co-sujet) et participantes (co-chercheurs·euses) de ce projet de recherche.
Comme chercheur responsable, ce sont ces motivations qui m’ont poussé à approfondir la question de la collaboration avec les Premières Nations; à identifier des valeurs et à formuler des engagements pour créer un cadre de recherche responsable et qui invite à la confiance; à imaginer un cadre collaboratif et coopératif dont les fruits contribueraient au développement et au mieux-être des communautés concernées ainsi qu’à l’accès à une plus grande justice sociale et éducative pour les personnes participantes.
En toute honnêteté, cette réflexion sur la collaboration était inévitable. Elle m’a permis de comprendre à quel point il était important d’affirmer notre volonté de collaborer avec les Premières Nations dans le respect de ce qui fait leur identité. Elle m’a permis d’imaginer un moyen de gagner la confiance de ces personnes et d’encourager la participation de communautés qui pourraient nous dire « non ».
L’histoire de la recherche menée dans les communautés autochtones est entachée par de nombreux abus – dont nous n’approfondirons pas la nature ici. Ces abus ont conduit les Premières Nations à faire preuve de prudence, à revendiquer la mise en œuvre de pratiques de recherche exemplaires et à développer des cadres et des protocoles de recherche pour encadrer toute recherche produite dans leurs communautés. Ces leçons du passé nous invitent à adhérer à des pratiques exemplaires et à les inclure dans le cadre de notre projet.
Comme représentant de l’ICÉA dans ce projet, je me suis efforcé d’être à l’écoute des personnes qui nous recommandaient d’agir en amont afin de favoriser la collaboration des Premières Nations. J’estime par ailleurs avoir adopté une approche ouverte et raisonnée qui permettait d’inclure dans la genèse du projet les personnes et les organisations dont les apports apparaissaient essentiels à sa réalisation.
Cela dit, je ne suis pas certain qu’il aurait été possible de relever ces défis avec assurance sans cette réflexion préalable sur la collaboration. D’ailleurs, cette réflexion se poursuit alors que le projet avec les Premières Nations progresse au rythme des aléas et des ajustements qui caractérisent toute collaboration de recherche.
Les valeurs présentées dans ce document apparaissaient au départ valable pour tous et toutes. Ce qui est techniquement vrai. Il est difficile de croire qu’une organisation, une communauté ou des personnes ciblées par un projet de recherche puissent les rejeter. Il est difficile de croire que l’affirmation de ces valeurs ne mène pas des personnes qui agissent de bonne foi à s’entendre sur un projet conjoint et la meilleure manière de le mener à bien.
Cependant, définir et affirmer des valeurs communes ne signifie pas pour autant que les parties engagées dans un projet conjoint les partagent ou soient disposées à les mettre en œuvre au quotidien. Le respect, la réciprocité, l’équité, le partage, la transparence ou l’intégrité peuvent être interprétés différemment selon les personnes. Ces interprétations sont influencées par nos expériences passées et ces expériences orientent – qu’on le veuille ou non – nos actions futures.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le cadre proposé aux Premières Nations annonce des intentions claires, fondées sur le respect d’autrui et un engagement pour une compréhension mutuelle des problèmes qui peuvent réunir des personnes de différents horizons à la recherche de solutions.
Avec un tel cadre pour point de départ, il semble possible d’éviter de nombreuses situations problématiques.
Références
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CAPRES (2018). Étudiants des Premiers Peuples en enseignement supérieur. Récupéré le 21 novembre 2024. https://oresquebec.ca/dossiers/etudiants-des-premiers-peuples-en-enseignement-superieur/
- Cet outil, qui appartient à l’ICÉA, permet de réaliser trois objectifs d’apprentissage formels dans un contexte d’animation de groupe : 1) se reconnaître des compétences génériques fortes; 2) reconnaître des compétences génériques aux autres; et 3) reconnaître des situations de travail où nos compétences génériques fortes sont utiles. ↩︎
- « La rétro-ingénierie (aussi connue sous le nom d’ingénierie inversée ou de rétroconception) est une méthode qui tente d’expliquer, par déduction et analyse systémique, comment un mécanisme, un dispositif, un système ou un programme existant peuvent accomplir une tâche sans connaissance précise de la manière dont il fonctionne » (Wikipédia). ↩︎
- Concernant les personnes participantes, l’objectif était de recruter des femmes et des hommes de tous âges, de tous horizons et de toutes conditions afin de former des groupes hétérogènes de huit à douze adultes. ↩︎
- Ces personnes et organisations sont les suivantes : l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL, 2014), le Groupe de travail des Premiers Peuples (INQ, 2017), l’Alliance de recherche ODENA (Lévesque et al., 2018), RDK Herman, qui est géographe principal au Smithsonian National Museum of the American Indian (Herman, 2018) et le Réseau des CCTT (CCTT, 2022). ↩︎
- Selon le protocole de l’APNQL, « la coconstruction des connaissances se traduit par la mise en commun des perspectives du chercheur avec celles des partenaires des Premières Nations, dans un objectif de développer de nouvelles connaissances » (APNQL, 2014 : 6). ↩︎
- Selon le protocole de l’APNQL, le « concept de double regard, ou Two-Eyed Seeing en anglais, réfère aux différences de conception du monde entre les Premières Nations et les allochtones, au respect de cette différence et à leur mise en commun dans le but de générer de nouvelles connaissances » (APNQL, 2014 : 6). ↩︎
- À ce titre, l’APNQL réitère la primauté des principes PCAP des Premières Nations. ↩︎
- APNQL, 2014; INQ, 2017; Lévesque et al., 2018; Herman, 2018; CCTT, 2022. ↩︎
- Généralement inscrite dans un processus de réconciliation, la sécurisation culturelle se présente comme une démarche visant « à atténuer leurs conséquences en créant des liens de confiance avec les Premiers Peuples et en rendant les environnements plus accueillants et sécurisants » (CAPRES, 2018). ↩︎
- Dans sa dimension « naturelle », telle que définie par le Larousse. ↩︎
- Le protocole de l’APNQL définit l’imputabilité comme la « possibilité d’attribuer une responsabilité à quelqu’un » (APNQL, 2014 : 53). ↩︎
- Rappelons que l’engagement des Premières Nations dans ce projet comprend une participation active à la coordination de la recherche (avec la collaboration de l’ICÉA). Il comprend également une participation active à la coordination des opérations réalisées dans les différentes communautés autochtones participant au projet. À ce niveau, le CSPNÉA doit embaucher des personnes responsables pour chaque communauté où le projet prendra forme : ces personnes seront reconnues comme des membres de l’équipe de recherche (co-chercheuses). Ce projet comprend finalement la participation active de personnes provenant de chacune des communautés autochtones participant au projet. En plus d’être des sujets de la recherche, ces personnes seront également reconnues comme des membres associés à l’équipe de recherche (co-chercheuses). ↩︎
- Cette somme comprend les acquis de l’ICÉA, du CSPNÉA, des responsables terrain, des personnes participantes et de toutes les autres personnes consultées. ↩︎
Citer cet article
Dignard, H. (2025). « Réflexion pour une saine collaboration avec des communautés des Premières Nations du Québec ». Apprendre + Agir. https://icea-apprendreagir.ca/?p=1150