Édition spéciale 2025 d’Apprendre + Agir
Lisa Krolak
Résumé
L’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) a lancé une collection en ligne d’études de cas sur l’éducation en prison lors de la Conférence internationale de Montréal sur l’éducation en prison, en octobre 2024. Cette collection présente actuellement 18 études de cas mettant en valeur des initiatives réussies et des exemples de pratiques qui garantissent le droit à l’éducation et à l’apprentissage tout au long de la vie pour les personnes incarcérées, avec d’autres à ajouter au fil du temps.
L’éducation est un droit humain fondamental et les personnes incarcérées ne devraient pas en être privées. L’apprentissage tout au long de la vie en prison peut autonomiser les individus, les aidant à bâtir une nouvelle vie et des moyens de subsistance après leur libération. Cela peut mener à la croissance personnelle, à la réintégration économique et sociale, ainsi qu’à une baisse des taux de récidive, contribuant ainsi à une plus grande cohésion sociale. Les approches basées sur les besoins et centrées sur l’humain sont essentielles dans ce contexte.
Le projet vise à renforcer les programmes d’éducation carcérale dans le monde entier en partageant des pratiques innovantes et efficaces. Les efforts pour promouvoir l’éducation en prison, y compris le développement de bibliothèques en milieu carcéral, sont menés par diverses organisations à travers le monde. La collection met en lumière les informations sur les programmes, les coordonnées, les données clés sur l’impact et les histoires personnelles, illustrant le pouvoir transformateur de l’apprentissage tout au long de la vie pour les personnes incarcérées.
Les études de cas couvrent des pays allant du Chili à l’Indonésie et couvrent des thèmes tels que les compétences numériques, les compétences vertes et les outils entrepreneuriaux. La collection met également l’accent sur le rôle des bibliothèques en milieu carcéral dans la promotion de l’alphabétisation. Dans l’ensemble, l’initiative vise à documenter l’impact positif de l’éducation carcérale sur la réduction de la récidive, la promotion de la croissance personnelle et la promotion de la réintégration sociale et économique, dans le but d’améliorer les programmes d’éducation carcérale à l’échelle mondiale.
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L’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) a lancé une collection en ligne d’études de cas sur l’éducation en prison lors de la Conférence internationale de Montréal sur l’éducation en prison, en octobre 2024. Cette collection présente 18 études de cas mettant en valeur des initiatives réussies et des exemples pratiques qui garantissent le droit à l’éducation et à l’apprentissage tout au long de la vie pour les personnes incarcérées. En tant que projet en cours, d’autres études de cas seront ajoutées au fil du temps.
L’éducation est un droit humain fondamental, et les personnes prisonnières ne devraient pas en être privées. L’apprentissage tout au long de la vie en prison peut autonomiser les individus, les aidant à bâtir une nouvelle vie et des moyens de subsistance après leur libération. Cela peut mener à la croissance personnelle, à la réintégration économique et sociale, ainsi qu’à une baisse des taux de récidive, contribuant ainsi à une plus grande cohésion sociale. Les approches basées sur les besoins et centrées sur l’humain sont essentielles dans ce contexte.
Le projet vise à renforcer les programmes d’éducation mondiaux en prison en partageant des pratiques innovantes et efficaces. Les efforts pour promouvoir l’éducation en prison, y compris le développement de bibliothèques en milieu carcéral, sont menés par diverses organisations à travers le monde. La collection met en lumière les informations sur les programmes, les coordonnées, les données clés sur l’impact et les histoires personnelles, illustrant le pouvoir transformateur de l’apprentissage tout au long de la vie pour les personnes incarcérées.
Les études de cas couvrent des pays allant du Chili à l’Indonésie et abordent des thèmes tels que les compétences numériques, les compétences vertes et les outils entrepreneuriaux. La collection met également l’accent sur le rôle des bibliothèques en milieu carcéral dans la promotion de l’alphabétisation. Dans l’ensemble, l’initiative vise à documenter l’impact positif de l’éducation en prison sur la réduction de la récidive, la promotion de la croissance personnelle et la promotion de la réintégration sociale et économique, dans le but d’améliorer les programmes éducatifs en prison à l’échelle mondiale.
La raison d’être de cette initiative est d’encourager des échanges professionnels sur l’éducation en prison entre personnes décideuses, chercheures, praticiennes et autres parties prenantes. L’UIL développe des recherches de pointe, mène des activités de renforcement des capacités et organise des événements pour offrir aux parties prenantes clés une plateforme de dialogue et de réseautage. L’UIL a produit plusieurs rapports sur l’éducation en prison pour les États membres de l’UNESCO intéressés à développer des activités adaptées. La recherche a permis d’identifier de nombreuses pratiques efficaces en éducation en prison ainsi que des initiatives réussies dans les bibliothèques en milieu carcéral à travers le monde. Des obstacles majeurs, tels que le manque de sensibilisation du personnel en prison concernant les opportunités d’apprentissage disponibles, le manque de financement et de durabilité, ont également été soulignés. Par conséquent, consolider ces données dans un format accessible est crucial pour favoriser l’échange continu de pratiques innovantes.
La collection met l’accent sur les données d’impact clés et les témoignages personnels pour souligner le pouvoir transformateur de l’éducation en prison et dans les bibliothèques dans divers contextes. Ensemble, ces cas illustrent comment les occasions d’apprentissage dans les milieux carcéraux peuvent autonomiser les individus en leur fournissant les outils nécessaires pour se construire une nouvelle vie et de nouveaux moyens de subsistance après leur libération. Ils soulignent comment l’éducation en prison et en bibliothèque favorise la croissance personnelle et contribue à la réintégration économique et sociale, menant à des taux de récidive plus faibles et à une plus grande cohésion sociale.
Les principaux objectifs de cette collection sont de mettre en valeur des pratiques éducatives efficaces dans les prisons et bibliothèques en milieu carcéral du monde entier, de servir de point de référence central pour les chercheurs et chercheuses, de documenter et de partager des programmes répondant aux besoins diversifiés des personnes incarcérées, de sensibiliser aux pratiques efficaces en milieu carcéral, de mettre en lumière des programmes innovants permettant aux personnes incarcérées d’acquérir des compétences numériques, des compétences vertes et des outils entrepreneuriaux, de partager les descriptions de programmes et les données sur leur impact, et de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable 4 et 16 (ODD 4 et ODD 16).
La collection cible les personnes chercheuses, praticiennes, étudiantes, universitaires, décideuses, expertes en éducation et le personnel des milieux carcéraux. Il sert de ressource pratique et éducative pour développer des activités d’apprentissage en prison ou mener des recherches sur ce sujet. Le format accessible garantit qu’elle s’adresse au grand public intéressé par l’éducation en prison et en bibliothèque.
Actuellement, la collection comprend dix études de cas sur des initiatives plus larges en éducation en prison et huit sur les pratiques efficaces dans les bibliothèques en milieu carcéral. D’autres études de cas seront ajoutées à l’avenir, assurant un équilibre régional. En fin de compte, la collection vise à soutenir la diffusion par l’UIL de pratiques efficaces, à orienter les futures activités de renforcement des capacités et à faciliter l’échange de pratiques innovantes entre les parties prenantes clés. La collection est disponible en anglais, français et espagnol.
Mots clés : éducation en prison, bibliothèques en milieu carcéral, apprentissage non formel, apprentissage informel, alphabétisation, formation professionnelle

Aperçu
L’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) a lancé une collection en ligne d’études de cas sur l’éducation en prison lors de la Conférence internationale de Montréal sur l’éducation en prison, en octobre 2024. À cette époque, la collection en ligne présentait 16 études de cas démontrant des initiatives réussies qui garantissent le droit à l’éducation et à l’apprentissage tout au long de la vie pour les personnes incarcérées. D’autres études de cas seront ajoutées au fil du temps.
L’éducation est un droit humain fondamental pour tous et toutes, y compris pour les personnes incarcérées (Krolak, 2019 : 4). L’éducation et les opportunités d’apprentissage tout au long de la vie peuvent autonomiser les individus, les aidant à bâtir une nouvelle vie et à trouver de nouveaux moyens de subsistance après leur libération. La collection en ligne vise à mettre en valeur les programmes éducatifs en prison en partageant des pratiques innovantes et efficaces, à l’échelle mondiale. Ces efforts pour promouvoir l’éducation en prison sont menés par les autorités carcrales, des organisations non gouvernementales, des groupes de la société civile, des organisations internationales et des institutions éducatives, entre autres.
Les études de cas couvrent tous les continents et abordent des thèmes tels que les compétences numériques, les compétences vertes et les outils entrepreneuriaux. La collection met également l’accent sur le rôle des bibliothèques en milieu carcéral dans la promotion de l’alphabétisation. Dans l’ensemble, l’initiative vise à documenter l’impact positif de l’éducation en prison sur la réduction de la récidive, la promotion de la croissance personnelle et la promotion de la réintégration sociale et économique, dans le but d’améliorer les programmes éducatifs en prison à l’échelle mondiale.
Justification
L’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) œuvre, entre autres projets, à encourager les échanges professionnels sur l’éducation en prison entre personnes décideuses, chercheuses, praticiennes et autres parties prenantes. À cette fin, l’UIL développe des recherches de pointe, mène des activités de renforcement des capacités et organise des événements pour offrir aux parties prenantes clés une plateforme de dialogue.
L’UIL a produit plusieurs rapports sur l’éducation en prison pour les États membres de l’UNESCO intéressés à développer des activités adaptées, incluant des revues de littérature en anglais (Behan, 2021) et en français (Salane, 2021) ainsi qu’une publication mondiale sur les bibliothèques en milieu carcéral (Krolak, 2019). La recherche derrière ces rapports a permis d’identifier de nombreux cas illustrant des pratiques efficaces. De plus, l’UIL a cartographié avec succès des initiatives innovantes de bibliothèques en milieu carcéral à travers le monde. Nous avons vu la nécessité et le potentiel de consolider ces expériences dans un format accessible afin de faciliter l’échange continu de pratiques innovantes. C’est pourquoi l’UIL a développé une collection centralisée en ligne d’études de cas sur l’éducation en prison.
Les cas individuels de cette collection illustrent comment les occasions d’apprentissage tout au long de la vie dans les milieux carcéraux peuvent autonomiser les individus en leur fournissant les outils nécessaires pour se construire une nouvelle vie et identifier des moyens de subvenir à leurs besoins après leur libération. Ils mettent en lumière comment l’éducation dans les prisons et les bibliothèques en milieu carcéral favorise la croissance personnelle et facilite la réintégration économique et sociale. Au-delà du développement personnel, ces programmes contribuent à rendre les communautés plus sûres et plus résilientes en favorisant la réinsertion réussie. Cela peut à son tour mener à des taux de récidive plus faibles et aider à bâtir des sociétés où il y a plus de cohésion sociale. La variété des approches adoptées à travers les pays reflète à la fois l’adaptabilité et la grande pertinence de l’éducation en milieu carcéral.
L’éducation en prison soutient les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, en particulier le quatrième objectif, qui vise à assurer une éducation inclusive et équitable et à promouvoir des opportunités d’apprentissage tout au long de la vie pour toutes les personnes, ainsi que l’Objectif 16, qui vise à promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives, à offrir un accès à la justice pour tous et toutes, et à bâtir des institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux.
Objectifs
Les principaux objectifs de cette collection sont :
- Mettre en valeur des pratiques efficaces en matière d’éducation en prison et dans les bibliothèques en milieu carcéral provenant du monde entier.
- Servir de point de référence central pour les personnes chercheuses et autres souhaitant en apprendre davantage sur ce qu’implique une éducation efficace en milieu carcéral.
- Documenter et partager des programmes qui répondent aux besoins diversifiés des personnes incarcérées.
- Sensibiliser à « ce qui fonctionne » dans les milieux carcéraux, en ce qui concerne l’apprentissage tout au long de la vie.
- Mettre en lumière des programmes innovants qui permettent aux personnes incarcérées d’acquérir des compétences numériques, des compétences vertes, des outils entrepreneuriaux, etc.
Public cible
La collection cible les personnes chercheuses, praticiennes, étudiantes, universitaires ou décideuses travaillant dans des domaines liés à l’éducation en prison, des personnes expertes dans le domaine de l’éducation et le personnel des établissements carcéraux, entre autres. Elle constitue une ressource pratique et éducative pour les personnes souhaitant développer des activités d’apprentissage dans les milieux carcéraux ou mener des recherches sur ce sujet. En fournissant les coordonnées des organisations responsables, la collection facilite le réseautage. Le format, la structure et le langage utilisés la rendent accessible aux membres du grand public désireux d’en savoir plus sur l’éducation en prison, ainsi que sur ce qui se passe dans les bibliothèques en milieu carcéral.
Structure
Actuellement, 18 études de cas présentant des initiatives d’éducation en prison sont publiées en ligne. Soucieux d’assurer un équilibre régional, la collection comprend des cas provenant d’Afrique, d’Asie et du Pacifique, d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi que d’Amérique latine et des Caraïbes. Chaque étude de cas compte environ quatre pages et fournit des informations générales, des détails sur le programme, des renseignements sur l’organisme chargé de sa mise en œuvre et les objectifs du programme. De plus, les études de cas fournissent les coordonnées des personnes à contacter et incluent des données sur l’impact des initiatives et des témoignages personnels, lorsque disponibles.
En fin de compte, la collection d’études de cas vise à soutenir et à rationaliser la diffusion par l’UIL de pratiques efficaces, à orienter les futures activités de renforcement des capacités et à servir de base à la discussion entre les principaux acteurs du domaine. Elle facilitera l’échange de pratiques innovantes tout en servant de ressource éducative pour les personnes décideuses, chercheures, praticiennes, étudiantes et autres. La collection d’études de cas est disponible en anglais, français et espagnol. Elle a été développée par trois personnes qui travaillent à l’UIL : Katie Jones, Lisa Krolak et Marie Macauley.

© Site web de l’UIL
Aperçu des études de cas actuellement dans la collection
Argentine : La Liberté à travers l’alphabétisation (Literacy for Liberty)
Le programme Literacy for Liberty favorise le développement de la littératie par une approche d’apprentissage par les pair·es. Une équipe de l’Université nationale San Martín composée de professeur·es et d’étudiant·es de niveau avancé forme depuis 2010 des personnes détenues alphabétisées pour qu’elles enseignent la lecture et l’écriture à leurs pair·es incarcéré·es.
Brésil : Lire pour réduire sa peine de prison (Remission for Reading)
Le ministère de la Justice du Brésil a introduit en 2012 une loi permettant aux personnes détenues de réduire leur peine en lisant des livres. Chaque personne détenue a la possibilité de soumettre annuellement jusqu’à 12 comptes rendus de livres, ce qui peut totaliser 48 jours de remise de peine.
Cambodge : Réseau national de bibliothèques multimédias en prison (National network of Multimedia Libraries in prison)
Sipar est une organisation non gouvernementale (ONG) qui a créé 630 bibliothèques et centres de lecture dans toutes les régions du Cambodge. Un programme spécifique de Sipar visant à établir des bibliothèques au sein des prisons a été lancé dans quatre prisons pilotes en 2012. Aujourd’hui, l’objectif global est de transformer les 28 bibliothèques en milieu carcéral du Cambodge en bibliothèques multimédias.
Chili : Promotion de la lecture dans les prisons (Reading Promotion in Prisons)
Le Programme pour les bibliothèques pénitentiaires est né en 2015 d’un partenariat entre le ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine et la Gendarmería, l’institution responsable des prisons au Chili. L’objectif était de moderniser les bibliothèques pénitentiaires et de promouvoir de meilleures habitudes de lecture parmi la population carcérale.
France : Auxilia, une nouvelle chance
Auxilia, une nouvelle chance, offre une formation par correspondance aux personnes incarcérées à travers la France, avec l’aide de centaines de bénévoles. Chaque année, l’initiative permet à près de 2100 personnes apprenantes de suivre un parcours d’enseignement à distance. En plus de l’enseignement, les formateurs et formatrices bénévoles offrent un soutien moral aux personnes incarcérées et s’efforcent de les aider à renouer avec le monde extérieur.
France : MoodleBox in Detention
MoodleBox in Detention est une plateforme unique d’apprentissage à distance basée en France qui permet aux personnes incarcérées du Centre pénitentiaire de Caen — qui n’ont pas accès à Internet — de suivre des cours à l’Université de Caen et dans d’autres institutions universitaires. Le programme a été lancé en 2017 afin d’offrir aux personnes incarcérées l’accès au contenu des cours au même titre que les étudiant·es universitaires régulier·ères.
Indonésie : Formation à la production de Batik durable (Sustainable Batik Production Training)
L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) et la Fondation Second Chance ont mis en place en 2019 un programme de formation professionnelle batik de trois mois qui forme les femmes incarcérées à l’utilisation des teintures naturelles résistantes à la cire pour la production de batik, selon un procédé unique en Indonésie. Après avoir terminé le programme de formation, les femmes détenues peuvent continuer à travailler au centre de production à l’intérieur de la prison, avec une rémunération basée sur les profits de la vente des tissus.
Kenya : Centre d’innovation Change Hub (Change Hub Innovation Centre)
Le Centre d’innovation Change Hub dirige un programme de réinsertion pour les femmes à la prison de haute sécurité de Langata, la seule prison pour femmes à Nairobi. Le programme enseigne aux femmes détenues tout ce qu’elles doivent savoir en matière de codage, de conception de sites Web et de réparation d’ordinateurs. Il a été conçu pour aider les femmes à se réinsérer dans une économie de plus en plus axée sur la technologie à leur sortie de prison.
Norvège : Prison insulaire de Bastøy (Bastøy Prison Island)
La bibliothèque de la prison de Bastøy est gérée par la bibliothèque publique voisine de Horten, située sur le continent. Le bibliothécaire de la prison est donc employé par la bibliothèque publique et non par la prison elle-même. De ce fait, la bibliothèque de la prison de Bastøy fonctionne comme une « succursale » de la bibliothèque publique, permettant aux personnes détenues d’emprunter des livres dans n’importe quelle bibliothèque norvégienne.
Philippines : Lire pour s’en sortir (Read Your Way Out)
Puisque les Philippines luttent contre une surpopulation extrême en prison, l’ONUDC a lancé plusieurs activités visant à soulager les prisons très surpeuplées du pays. Pour favoriser l’accès aux livres, aux bibliothèques et à la lecture dans les prisons philippines, le Bureau of Jail Management and Penology (BJMP), soutenu par l’ONUDC et la Bibliothèque nationale des Philippines, a mis en place en 2022 le projet « Read Your Way Out » [« Lire pour s’en sortir »] permettant aux personnes incarcérées de réduire leurs peines en lisant.
Afrique du Sud : READucate
L’initiative READucate en Afrique du Sud réunit des assistant·es d’enseignement en lecture et des apprenant·es afin d’améliorer l’alphabétisation, les compétences en communication et la confiance des personnes détenues. Elle fonctionne avec une approche holistique et d’apprentissage entre pair·es pour acquérir des compétences en lecture et en écriture de l’anglais. Cette initiative vise aussi à soutenir les individus dans le développement de leur confiance en soi. Il est offert depuis 2022 par l’organisme de bienfaisance australien Becky O. Foundation.
Soudan du Sud : Programme de formation professionnelle (Vocational Training Programme)
Le programme de formation professionnelle dans les prisons a débuté en 2016 avec la création du Centre de formation professionnelle de la prison de Juba, et a depuis été étendu à d’autres prisons. Le programme met l’accent sur des activités pratiques, des exercices et des évaluations, sur une période de six mois. Toute la formation est dispensée par des personnes instructrices et superviseures sud-soudanaises qualifiées et elle est conforme aux normes des autres établissements de formation professionnelle approuvés par le gouvernement du Soudan du Sud.
Thaïlande : La bibliothèque qui change la vie (The Life-Changing Library)
La « Bibliothèque qui change la vie » de la prison provinciale d’Uthai Thani a été créée en 2016, en collaboration avec l’Association thaïlandaise des bibliothèques. C’est une bibliothèque animée avec des activités, des groupes de conversation et un lieu où les personnes détenues peuvent écouter des gens raconter des histoires ou lire à voix haute. Ce n’est pas seulement un lieu rempli de livres, c’est aussi un espace de réflexion et d’inspiration pour changer et renforcer la confiance en soi et la pensée positive.
Royaume-Uni : Storybook Dads
L’organisme de bienfaisance britannique Storybook Dads travaille actuellement dans environ 100 prisons, y compris des prisons pour femmes, des instituts pour jeunes délinquant·es et des hôpitaux sécurisés à travers le pays. Depuis 2003, les personnes participantes reçoivent de l’aide pour s’enregistrer en train de lire un livre, que leurs enfants peuvent ensuite écouter ou regarder à la maison. Le projet soutient le contact parent-enfant, améliore les compétences en littératie et donne aux personnes détenues le pouvoir de jouer un rôle de modèle positif.
Royaume-Uni : Turning Pages
Turning Pages est un ensemble de cinq manuels adaptés et structurés qui utilisent une approche de phonétique synthétique. Un mentor ou un coach en lecture travaillera, à travers les manuels Turning Pages, avec une personne qui souhaite apprendre à lire. Trente livres de lecture accompagnent les différents niveaux de lecture pour chaque manuel. Les manuels et les livres de lecture ont été développés en 2015 en collaboration avec le Shannon Trust afin de s’assurer que chaque détenu soit équipé des compétences essentielles pour la vie.
États-Unis : Programme Frames Prison
Le programme Frames Prison est en activité depuis 2017 et il a été développé par le Brink Literacy Project, qui utilise le pouvoir de la narration pour transformer la vie des personnes en situation précaire. Le programme utilise et produit des bandes dessinées pour inciter les lecteurs et lectrices peu alphabétisés à lire et à écrire. Le fait de partager leurs histoires peut conduire à des bouleversements identitaires et à une transformation personnelle que les méthodes d’alphabétisation traditionnelles ne permettent pas toujours d’obtenir.
États-Unis : Alphabétisation pour les adolescent·es incarcéré·es (Literacy for Incarcerated Teens)
Le programme Literacy for Incarcerated Teens a débuté en 2002. Il investit dans la mise en place de programmes bibliothécaires complets au sein des centres de détention pour mineur·es. Cela implique l’envoi de livres, l’abonnement à des magazines et le soutien d’activités conçues spécifiquement pour améliorer l’estime de soi et les compétences en communication des jeunes.
États-Unis : Le cadeau des échecs (The Gift of Chess)
The Gift of Chess, fondé en 2021 comme organisme de bienfaisance, utilise les échecs comme outil de réhabilitation, de développement cognitif et de croissance personnelle en prison. Il offre des programmes structurés d’apprentissage des échecs dans les établissements correctionnels pour soutenir la réhabilitation des personnes incarcérées.
Thèmes récurrents
Les études de cas de la collection en ligne abordent une variété de thèmes, veillant toujours à répondre aux besoins diversifiés des personnes incarcérées. Elles sont adaptées aux besoins et aux contextes spécifiques des différentes populations carcérales, en tenant compte de facteurs tels que le genre, l’âge, le contexte culturel, le niveau d’éducation et les barrières linguistiques. Mais en analysant la richesse des sujets abordés, quatre domaines peuvent être mis en évidence.
Alphabétisation et éducation
L’alphabétisation est un outil crucial pour favoriser la réhabilitation dans les programmes éducatifs en prison. Des initiatives comme « Literacy for Liberty » en Argentine et « Remission for Reading » au Brésil soulignent l’importance de l’alphabétisation pour autonomiser les personnes incarcérées, renforcer leur estime de soi et les doter des compétences pour leur réinsertion. Ces programmes impliquent souvent un apprentissage entre pair·es, où les personnes détenues alphabétisées enseignent à leurs pair·es, favorisant ainsi l’esprit communautaire et la solidarité. L’accent est mis sur la formation de lecteur·rices critiques, créatif·ves et informé·es, capables de réfléchir à leur vie et d’apporter des changements positifs. Plusieurs études de cas démontrent également l’impact transformateur des bibliothèques en milieu carcéral, qui donnent accès à des programmes d’alphabétisation et à des programmes éducatifs favorisant le développement personnel et la réinsertion sociale.
Formation professionnelle
Les programmes de formation professionnelle, tels que la formation à la production de batik en Indonésie et les centres de formation professionnelle au Soudan du Sud, visent à doter les personnes détenues de compétences pratiques dans divers domaines tels que la transformation alimentaire, la plomberie, l’électricité et la mécanique automobile, la couture, la coiffure, la menuiserie, la maçonnerie, la métallurgie, le stylisme et l’agriculture. Ces programmes aident les personnes détenues à acquérir des compétences qui ont de la valeur sur le marché du travail pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille après leur libération, augmentant ainsi leur employabilité et réduisant le risque de récidive. L’objectif est de favoriser la réinsertion sociale et de permettre aux personnes détenues de contribuer activement à la société.
Technologie et innovation
Des programmes comme le « Change Hub Innovation Centre » au Kenya et « MoodleBox in Detention » en France utilisent la technologie pour améliorer les opportunités éducatives des personnes détenues. Ces initiatives leur donnent un accès à l’enseignement supérieur et à la formation professionnelle, les aidant ainsi à développer leurs compétences numériques et favorisant leur réinsertion dans la société. En intégrant la technologie dans l’éducation en prison, ces programmes visent à aider les personnes détenues à définir leurs propres objectifs d’apprentissage, à se préparer à leur réinsertion et à gagner en autonomie dans l’économie numérique d’aujourd’hui.
Liens familiaux
Le maintien des liens familiaux est un aspect crucial des programmes éducatifs en prison. Des initiatives comme « Storybook Dads » au Royaume-Uni permettent aux détenus d’enregistrer des histoires du soir pour leurs enfants, contribuant à renforcer les liens familiaux et à améliorer les compétences en littératie tant des parents que des enfants. Ces programmes reconnaissent l’importance du soutien familial dans le processus de réinsertion et visent à limiter les effets néfastes de l’emprisonnement sur les familles. En facilitant les contacts entre les personnes détenues et leurs familles, ces initiatives favorisent le bien-être émotionnel et la stabilité, aidant les personnes détenues à améliorer leur estime de soi, à se sentir valorisées en tant que parents et à avoir un impact positif sur la vie de leurs enfants.
Malgré des résultats positifs significatifs, incluant la réduction de la récidive, l’amélioration de la littératie et des compétences professionnelles, le renforcement des liens familiaux, ainsi que l’amélioration de l’estime de soi et de la croissance personnelle, de nombreux programmes font face à des défis. Cela inclut les ressources limitées, le manque de personnel qualifié, la surpopulation carcérale et le besoin souvent non comblé de soutien et de formation continue tant pour les personnes incarcérées que pour le personnel. Assurer la pérennité de ces programmes nécessite des investissements continus et une collaboration entre les autorités carcérales, les agences gouvernementales, les organisations non gouvernementales et le secteur privé.
Perspectives
La collection en ligne de l’UIL sur les pratiques innovantes en matière d’éducation en prison souligne le potentiel transformateur des programmes éducatifs derrière les barreaux. Elle met en valeur une grande diversité d’expériences et d’approches qui permettent aux personnes détenues d’acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour reconstruire leur vie et se réinsérer avec succès dans la société. À l’UIL, nous restons engagé·es à documenter et partager les meilleures pratiques en matière d’éducation en prison afin de favoriser la visibilité, de sensibiliser le public et de créer des opportunités de collaboration. Ces efforts visent à soutenir le développement d’environnements carcéraux plus humains et plus efficaces.
Comme il s’agit d’une collection évolutive, nous continuerons à l’enrichir. À la fin de 2025, dix études de cas supplémentaires seront ajoutées, axées sur des pratiques innovantes provenant de prisons situées dans des villes faisant partie du Réseau mondial des villes apprenantes de l’UNESCO. D’autres études de cas suivront à l’avenir.
Si vous connaissez une initiative pertinente qui pourrait être incluse dans la collection en ligne, n’hésitez pas à contacter Lisa Krolak à l.krolak@unesco.org.
Références
- Behan, C. (2021). Education in prison: a literature review. UNESCO Institute for Lifelong Learning. https://unesdoc.unesco.org/ark : /48,223/pf0000378059
- Krolak, L. (2019). Books beyond bars: The transformation power of prison libraries. UNESCO Institute for Lifelong Learning. https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000369835
- Salane, F. (2021). L’Éducation en prison : revue de littérature francophone. UNESCO Institute for Lifelong Learning. https://unesdoc.unesco.org/ark : /48,223/pf0000378692
- UNESCO Institute for Lifelong Learning (2024). A collection of case studies on prison education and libraries: Effective practices from around the world. Unpublished concept paper.
- UNESCO Institute for Lifelong Learning (2025). Prison Education Case Studies. https://www.uil.unesco.org/en/prison-education-case-studies
Autrice
Lisa Krolak
Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie
l.krolak@unesco.org
Pour citer cet article
Krolak, L. (2025). Nouvelle collection en ligne d’études de cas sur l’éducation en prison. Apprendre + Agir, édition spéciale 2025, Apprendre et se transformer : pratiques et perspectives internationales sur l’éducation en prison. https://icea-apprendreagir.ca/nouvelle-collection-en-ligne-detudes-de-cas-sur-leducation-en-prison/